Avec son projet Carton Sonore, Pierre Chandeze ne fera sans doute pas un carton. Mais son orchestre de poche , – le contraire absolu du "jetable" est une nouvelle preuve de la vitalité d’une, folk D.I.Y.
L’époque favorise la boulimie. La musique n’y fait pas exception, la technique à portée de main et de maison permettant de s’auto-gérer de A à Z. Il y a là aussi sans doute la volonté d’affirmer sa personnalité propre, fusse-t-elle modeste, dans le marasme d’un flot toujours plus large de musiques formatées, commercialement pensées et réalisées. Tout le contraire, en somme, de Pierre Chandeze, déjà connu dans les projets Top Montagne, Quetzalli, Sean Croft…, et qui avait déjà sorti sous le nom de Carton Sonore un album au début de l’année. Lullabies from outer-space était composé d’une série de vingt berceuses enregistrées exclusivement au Casio.
Deuxième album du musicien, Kind Regards For The Land of Wander est diamétralement opposé au précédent ; d’autant plus que Pierre Chandeze s’est pour une fois entouré de musicien et fuyant ses envies, d’instantanéité, il a été longtemps mûri sur deux longues années. Pour ce disque, le parisien revient à l’esprit Music for Toys initié par son label Monster K7. Il a pour cela sorti l’artillerie légère : toy piano, xylophone, charanga, melodica…Un véritable orchestre à taille d’enfants qui n’hypotèque pourtant pas l’ampleur de la musique, non, mais en donne une touche particulière,, inspirée par différents folklores,, de l’est (Vodka violette) et du sud (Lou’s human days et son côté sérénade napolitaine)., C’est de la musique de chambre mais en bordel, faite de brics et de brocs vibrants, qui s’agencent de manière étonnamment harmonieuse. Pas de, boursouflure, de clinquant, de sentiment d’être écrasé par une musique ostantatoire. Le résultat apparaît nettement plus humain, plus léger, et tout aussi musical. Carton plein !
Carton Sonore n’est pas le premier à arpenter ces chemins et doit sans doute rendre grâce à Pascal Comelade. Il s’inscrit dans la même mouvance que Chapi Chapo et les petites musiques de pluie, voire par moments au Yann Tiersen des débuts (a fortiori sur un instrumental comme My Coffee got cold). Le Parisien amène néanmoins sa touche personnelle – celles aussi de ses musiciens – et une voix de stentor qui n’est pas sans rappeler Scott Walker ou Neil hannon, (The Mexican road). Et tout ceci concourt à sortir ravi de ce Kind Regards For The Land of Wander.