Pas de chat, très peu de piano mais un one man band plein d'énergie. On prend ! D'autant plus que le bonhomme a Yann Tiersen, Mesparrow et Pneu comme ami.
Marceau Boré, de son vrai nom, c'est un peu"le Rémy Bricka de l'indé". La formule n'est pas de moi, rendons à César, mais elle va bien à ce Breton même s'il ne joue pas de la grosse caisse et ne lance pas des colombes sur son passage (à l'heure qu'il est, le lecteur de moins de 30 ans qui ne connaît pas, Rémy Bricka est en train de taper son nom sur youtube).
Lands est né sur la route, durant les deux années qui ont vu Boré faire une incessante tournée dans tous les lieux qui voulaient de lui. ça aide d'être seul, on peut facilement se produire mais cela n'empêche pas de sortir des frontières, d'aller au Canada ou en Inde. Cela n'empêche pas non plus de faire de"bonnes dates" notamment en première partie de Yann Tiersen pour sa tournée française et américaine. On retrouve ce dernier ici, le musicien ayant dû apprécier de trouver en Piano Chat, un gars comme lui n'ayant besoin de personne. Boré, lui, est plus frontalement rock, en tout cas sur une partie de ce court disque. C'est le cas sur un opiniâtre et entêté Leaving the City, comme un titre de Suicide qui aurait retrouvé ses guitares (avec un peu d'imagination...). Ou sur un plus classique Fragile Lands avec un Boré qui vaut bien un groupe à lui tout seul, dans une ornière plus sixties.
Mais Piano Chat est surtout un songwriter lo-fi : comprendre qu'entre un clavier vintage, une guitare, un piano et des percussions, le jeune homme ne choisit pas et qu'il utilise volontiers le tout dans une folk artisanale à la fois gracile et conquérante (c'est là la particularité de l'album) Un petit côté Notwist (Ouverture), un petit côté Mein Sohn William (Blond) si l'on veut rester en France. Il émane de Forest une sérénité qui vous donne envie de vous époumoner en pleine nature, la musique de Piano Chat est porteuse en elle d'une force vitale insoupçonnée.
Et ô surprise, sur les deux derniers titres de Lands, le Français devient francophone, rappelant ainsi les anciens de Superflu. A un Julia jouant les équilibristes dans une joliesse pop, succède Nous irons nous promener qui synthétise, tout l'art musical de Piano Chat : un clavier pour enfant défie un torrent de guitares électriques dans une version harmonieuse de David et Goliath. Et de ce combat, nous en sortons plus que ravis.