chronique écrite en 2003
Avec Homecoming , morceau d'ouverture de son premier album, Zorg, jeune strasbourgeois de 26 ans, fait une entrée fracassante dans le monde de plus en plus encombré de l'électronique française. Rarement sample classique aura été utilisé avec autant d'intelligence : un violoncelle baroque mis en boucle mettant une pointe d'amertume boisée dans le monde lisse du downtempo. Pour Nocturnal, Zorg ramène une flûte traversière : la rêverie prend des allures de "Prélude à l'après-midi d'un faune" et Zorg nous convint de son intérêt pour la musique classique. Tout comme celui des BO de films, pourrait-on ajouter car tout au long de ces 7 titres, le nouveau venu sèmera dans son sillage des samples cinématiques. On aura tendance à rapprocher Zorg de Lemongrass ou de ses compatriotes de Bang Bang ou de Snooze mais ce n'est pas exactement ça. Pour Lady et ses volutes vocales, on évoquera Nitin Sawhney. Mais cette tendance à dresser des paysages enchantés le fait aussi ressembler à Cocteau Twins. Lady devient un exemple de ce que l'on pourrait appeler de l' Heavenly électro. Mais Zorg aime changer d'ambiance et d'humeur (l'album ne s'appelle-t-il pas "La vie privée de Zorg") . Avec Closer to the piece , il augmente les BPM ; le morceau pourrait tomber dans les travers de la house filtré mais Zorg choisit de ne pas accentuer les beats, de plus faire réagir les sens que les pieds. Le clubber sera peut-être frustré mais pas le mélomane : le titre s'écoutera avec plaisir hors de l'enceinte des dancefloors. Pour One night in Monte Carlo et Love Letter, Zorg insufflera une note jazzy avec talent mais c'est sûr l'exercice est moins original. Mais le strasbourgeois sort toujours de sa manche quelques accords de guitare acoustique dont il a le secret. Pour le dernier By Your side, à l'instar de Cosmo Vitelli ou de Funkstorung , Zorg rapprochera gimmicks 80's et programmations organiques. Encore une nouvelle démarcation dans la vie privée de Zorg, une vie intérieure qui mérite largement d'être rendu publique.