Land Lines
Land Lines

Album de Land Lines (2012)

Deux, violoncelles, deux voix et des percussions, avec Land Lines, c’est la nouvelle formule gagnante de l’indie rock au féminin.


On ne fera pas offense à Ross Harada, batteur de ce groupe de Denver, mais c’est vrai que dans Land Lines, c’est avant tout Martina Grbac et Anna Mascorella que l’on remarque. Privilège des chanteuses mais en l’occurrence, privilège aussi des violoncellistes. L’instrument à cordes n’est pas rare dans la pop et même le rock, mais il est rare qu’il soit l’instrument lead, a fortiori qu’il soit le seul – en dehors ici des percussions.


On aura beau dire mais la musique de Land Lines est familière pour qui connaît – et aime – l’indie rock américain version féminine – de Sleater Kinney à Throwing Muses. Comme leurs aînées, Martina et Anna amènent une douceur vocale dans des climats plus tendues, elles mélangent leur voix avec bonheur, , mais elles le font aussi avec leur violoncelle. Car si l’essence des Américains (n’oublions pas Ross, le "Dave Throwing Muses Narcizo" du trio) est totalement inscrite dans une mouvance, le choix de l’instrumentation en donne une version inédite ou en tout cas renouvelée. La sonorité des violoncelles et l’attaque de l’instrument (que ce soit en pizzicato ou avec un archet) changent la sensation générale. Il y a désormais un côté musique de chambre affirmé (Vegas comme meilleur exemple), mais aussi, une âpreté préservée, , parfois même une énergie rock vivace (Bomb Blast). La musique semble même saturée sur un Crows, Vultures, Bulls d’abord flegmatique puis déchirant, toujours rock. Crée par les joutes des violoncelles, un tapis obsédant joue la rôle de basse continue ; un univers en perpétuel mouvement sur lequel les voix de Martina et Anna serpentent avec douceur. Le contraste entre ces voix angéliques, des compositions parfois démoniaques et la rugosité des instruments fait son petit effet et vous embarque dans une ivresse originale. Les percussions jouées par les trois ajoutent leur grain de sel. La batterie de Ross arrive à point nommé pour donner encore plus un sentiment d’, urgence à l’ensemble comme les battements d’un corps en action (Sleepwalking, New year). Fait étonnant, certaines compositions ont parfois l’impression de se ressembler mais ce qui serait un défaut ailleurs, devient providentiel : on a envie de rester dans ce trip continuel, cette boucle de voix, de violoncelles, de percussions. Sous le charme, encore et toujours.

denizor
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le 29 avr. 2016

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