Cherchant à retrouver le sauvage qui est en nous, voici un duo d’explorateurs un brin barrés dans un disque qui ne s’interdit rien. Jouissif et finalement beau comme la nature.


Quelle est donc cette tribu ? Deux seuls membres peinturlurés et portant fièrement les plumes comme flambeau de leur propre liberté. Eux, c’est Ava Carrère et Ismaël Colombani. Largue la peau, c’est un peu la recherche de leur sauvage intérieur. Musicalement, cela se traduit par retrouver une approche instinctive voire initiatique. Un débat nature vs culture relancé dans un disque qui puise dans les musiques traditionnelles le terreau de sa propre création. On parlera de world folk car – et c’est là à la fois le côté « sage » et le côté « culture »; notre duo recentre toujours ce flux d’inspirations dans un cadre « chanson », qui plus est en s’exprimant en français.


Dans l’absolu, Sages comme des sauvages est fait du même bois que Moriarty et Stranded Horse. Les premiers concentraient leur source d’influence sur la musique traditionnelle nord-américaine (le blues, la folk) et le second sur les ballades africaines acoustiques ; Ava et Ismaël, eux, embrassent une géographie nettement plus grande, allant faire un tour chez les Indiens d’Amérique, dans les caraïbes, en Amérique du sud, à la Réunion (ils reprennent deux titres d’Alain Peters) ou dans un Belleville digne des Négresses Vertes (Asile Belleville, un peu trop caricatural)… Partout où il y a des variations de guitares et des percussions. Et la liste des invités témoignent du melting pop voulus par les Français : Scott Taylor, accordéoniste et tuba pour Les Têtes Raides, Emile Allenda basson pour l’Orchestre National de France, Imbert Imbert à la contrebasse dans un album enregistré et mixé par Christophe Hauser (Camille, Noël Akchoté).


On pourrait craindre un album partant dans les tous les sens, un trip de musiciens extravertis fait pour entrer dans la danse, et c’est parfois le cas dans une résonance de cordes, de vents et de percussions propre à l’évasion (la montagne évoquant Dead Can Dance). Mais finalement fidèle au « sage » annoncé dans leur nom, le duo tire essentiellement une musique douce et sensuelle qui touche directement au coeur, avec deux vois se mariant à merveille (Les jeunes des villes, It ain’t your song). De quoi nous donner envie de voyages et de nature.

denizor
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le 26 août 2016

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