Orwell alias Jérôme Didelot n'a pas la prétention d'être un génie humain. Le Lorrain est humble et doit plus se prendre comme un artisan que comme un artiste. Mais son troisième album d�montre que si génie il doit y avoir, celui-ci existerait grâce la somme de talents additionnée. Le génie est plus souvent collectif qu'individuel et ce troisième opus est peut-être meilleur que les précédents car le songwriter s'est entouré non seulement de Mederic Gonthier (déjà présent sur les deux précédents) mais aussi de JP Nataf, Alexander Von Mehren, et des vocalistes Ruth Minnikin (Heavy Blinkers), Aprilia Sari (White Shoes and the Couples Company) et Bernadette Vincent. Formidable tour de Babel o� tout le monde s'est mis ensemble pour donner à l'album tout son lustre. Le génie humain est bel et bien un album à l'ancienne, bâti autour d'une base acoustique. Orwell préfère des flûtes, des trombones, des vibraphones et des cordes à tous les claviers du monde. Il préfère travailler ainsi comme son maître mélodique Burt Bacharach, mâtinant sa pop d'enluminures à la Morricone (le génial - c'est sûr - instrumental le génie humain).
Un esprit sixties qui ne sent pas pourtant la naphtaline et Orwell n'est pas contre mettre ça et là quelques pianos électriques et autres claviers vintage. Le génie humain peut venir aussi de là, de cette faculté de produire des belles harmonies pop intemporelles et savoureuses. Ils ne sont pas nombreux ; les Français marchant sur ce terrain (Tahiti 80), encore moins ceux qui ont décidé de les traduire exclusivement en français (Hugo, Olivier Brion ), exception faîte du Beatles-ien Sun holiday et du langoureux Slow down. On tique parfois un peu sur le chant en français mais que voulez-vous on ne se refait pas ? - et notre langue sied parfois difficilement à cette pop harmonique d'écriture ciselée. Et puis, on se rappelle encore ému de In your playground sur le précédent L'archipel. Orwell n'emploie pas toujours les mêmes recettes et on trouvera donc un petit côté Valérie Leulliot sur Septembre et une charmante ambiance bossa sur Plus d'infini. Jérôme arrive surtout à bien se reprendre et à faire d'une mélodie aux premiers abords convenues une digression intrigante (Dans ce monde formidable retournement de situation). Alors le génie humain, album génial ? Non, même s'il est porté par une permanente bonne tenue et par quelques éclairs de génie.