Un groupe »all stars » au niveau de Bordeaux. Un vrai hommage à la pop chorale des années hippies pour un album de caractère, solaire et réjouissant.
Ils ne sont pas tous là , Bordeaux est une ville musicalement florissante, pas de Kim ou de membre de Calc par exemple. Mais Crane Angels regroupe Mr Crane, Petit Fantôme, Père Dodudaboum, Botibol, JC Satan ou encore Nunna Daul Isuny, soit la jeune garde de la cité Girondine. Certains ont déjà bien fait parler d’eux mais les autres pourraient le faire à l’avenir, ce projet collectif (11 au total comme une équipe de foot) ayant la faculté immédiate de booster , la carrière de chacun.
Crane Angels est une chorale…pas a capella certes, , mais ici tout le monde ou presque chante. Pas gospel mais carrément pop. En premier lieu, le groupe évoquera évidemment Polyphonic Spree, sans le décorum et les toges. Nos petits Français n’ont pas l’ampleur orchestrale des Américains mais ils ont néanmoins d’autres atouts.
En premier lieu, il y a effectivement ces choeurs qui permettent de faire des variations vocales qui rendent immédiatement chaleureuses la musique dans une ferveur commune. Techniquement, nos Crane Angels ne sont pas parfaits : ce ne sont pas là des professionnels de l’exercice, des Beach Boys qui se seraient multipliés, loin de là . Mais le groupe compense cette faiblesse par le sentiment qui émane du projet, celle d’être une joyeuse bande de pote mue seulement par le plaisir gratuit de faire de la musique ensemble. Bel esprit.
Et puis, ces choeurs chaleureux et volontaires ne sont pas un cache-misère sur une musique instrumentale qui serait fade, facile ou simplement béate devant ces voix »flower power ». Disons-le simplement : derrière ça joue et ça envoie , ! On peut s’en apercevoir dès Messenger en ouverture avec des guitares psychés un peu crades : Crane Angels est un groupe qui a du caractère. Il y aura bien des chansonnettes pop (Easy take comme du Supergrass vintage, sympathique mais dispensable ; Queen of the night et son côté Doo Wop) mais la musique n’est pas qu’un tapis de fleur sur lequel vient se poser de jolies harmonies et c’est ce qui fait la différence et qui rend passionnant un titre comme The World. In the snow a des allures punk-noisy de roquets. Morning sun est le prototype même du morceau ambivalent où l’on ne sait plus si on doit s’étirer langoureusement ou se saisir de son punching balls pour se défouler. Five years balance entre ligne claire et saturation. Attila envoie carrément le bois tout en partant dans des circonvolutions psychédéliques. La sagesse n’est pas la vertu qui caractérise nos Crane Angels. Tant mieux, on avait peur de s’ennuyer et ça n’arrive (presque) jamais. De jeunes pousses qui méritent vraiment un coup de pouce.