Philipp Bückle alias Teamforest aime jouer à cache-cache : un coup chez Morr music pour un bon single, Home, un coup pour une Tribute à Slowdive (l’allemand y reprenait Alison), un coup remixant FBW de Laudanum ou Take me tonight de Margo. Aujourd’hui, l’Allemand francophile sort un long format chez la petite structure française Eglantine records. Bückle fait une carrière en pointillé, disparaissant, réapparaissant, ne se donnant pas totalement. Un peu à l’image de sa musique tout en fausse simplicité, jouer avec une timidité de solitaire qui fait les disques personnels et attendrissant. Si les machines jouent un grand rôle dans la musique de Teamforest, tout part d’une voix et d’une guitare.
Les boucles, les sons parasites, les programmations, les glissements de terrain, savant assemblage miniature, viennent après coup, comme un plasticien partant du trait pour y ajouter ensuite couleur et matière. Proche de Hood, Teamforest arrive à garder ce caractère naturaliste en dépit de la technologie. Il semble parfois perdre pied pour mieux revenir en surface (Leave the north, head southwards). C’est du vrai songwriting influencé par le Cure des débuts que par la folk la plus pure, ce qui garantit une dose d’émotions avec le paradoxe offert par l’habillage electronica de rendre presque guillerette – car rythmée – cette écriture mélancolique. On danserait presque sur Leave your personnal role model, c’est dire. Touchant et sensible, Leave mérite de rentrer totalement dans la lumière.