chronique écrite en 2003...
Faisons un peu d'uchronie et imaginons comment aurait pu évoluer Radiohead après Pablo Honey si Tom Yorke avait perdu sa voix suite à une crise de démence et si les anglais n'avaient découvert les vertus hallucinogènes de l'électronique. Vous voyez le tableau ? Pas trop ? Et bien cet album peut vous donner une piste possible. Un tel parallèle peut surprendre et pourtant, les deux groupes aussi différents soit-il peuvent se retrouver sur l'essentiel. Avec Melatonine, on se dit que l'expression "Emo rock" reprend aussi tout son sens. Pour eux, dans l'expression "post-rock", le mot le plus important reste invariablement rock. Or celui pratiqué par les messins se fait sans sucre ajouté : quelques nappes de synthés en application locale sur un corps nerveux et sur des muscles tendus et toniques ; quelques programmations injectées au compte-gouttes (La couverture chimique ). Fortement influencé par les groupes "shoegazer" (tout comme Mogwaï et... Radiohead ), le trio français aime les ambiances électriques. Leur album débute d'ailleurs par deux morceaux courts et rêches (page 1, Seitseman), histoire de prouver que le rock instrumental ne se prescrit pas exclusivement sur plus de 6 minutes. Ces court- circuits alternent donc avec des morceaux plus longs, plus introspectifs ( elle est lentement ) : un sentiment de quiétude qui peut être vite balayé d'un revers de guitares par une énergie hystérique (et improvisée). Le dernier Here movus est à ce titre exemplaire et il nous faudra bien 10 minutes de blanc pour se remettre totalement de cette furie. Comme dans un concert, Mélatonine revient alors en rappel pour deux morceaux. On est carrément heureux..