Si l’on voulait simplifier, on pourrait dire que Joseph d’Anvers prolonge la révolution amorcée par Dominique A. avec La Fossette avec les moyens qui avaient manqué au grand Dominique à l’époque. Sans parler déjà de révolution d’un genre, ce deuxième album de Joseph D’Anvers marque une vraie évolution de son auteur par rapport à son album précédent. Le chanteur s’est donné les moyens de ses ambitions allant chercher le producteur Mario Caldato Jr (Beck, Beastie Boys) et partant enregistrer au Brésil avec des pointures du cru. Le résultat n’a plus rien à voir avec ce que produisent aujourd’hui Cali, Renan Luce ou même Miossec (cet album et surtout le bat blesse pourront donner quelques idées à ce dernier). A se demander encore plus quel intérêt il y a aujourd’hui à écouter ces (faux) gardiens d’un temple pour le moins poussiéreux.
La « chanson française » version Joseph d’Anvers est produite comme un bon disque de hip hop ou de R’nB, c’est à dire au taquet avec un son énorme. Les possibilités électroniques sont bel et bien là et parfaitement utilisées (Kids feat Money mark) ; comme des guitares et des basses qui attaquent comme dans un disque de noise (A Mi distance avec The Rodeo en guest ; Mille fois relevé). Et comme on pouvait l’imaginer ce traitement ne nuit aucunement au fond, les textes de D’Anvers ressortent d’autant plus et la finesse du ton n’est pas émoussée : par avance se met à l’écoute du bruissement sonore avec beaucoup de relief. Matthieu Malon avait déjà proposé un mariage hybride entre chanson en français et esprit rock, Bertrand Louis avait déjà confronté sa plume avec des programmations mais par les moyens mis en oeuvre, le professionnalisme des intervenants, Joseph d'Anvers surpassent ses prédécesseurs et rend sauvage la chanson française. D'Anvers et contre tous !