Nouveau label en cette année 1984 pour The Rods. Exit Shrapnel et bonjour Roadrunner et Bernett records. Le public français retrouve plus facilement le trio qui bénéficie enfin d’une vraie couverture médiatique. Cette fois, le virage metal est totalement engagé, ainsi que l’annonce le titre de l’album et le premier morceau qui assène un « Let Them Eat Metal » que l’on a envie de hurler avec le groupe. Ce tempo médium est épais, méchant, et soutenu par un son énorme. Pourtant, il est vite éclipsé par le furieux « White Lightning » qui semble capable de battre Judas Priest sur son propre terrain, tant il est rapide, puissant et efficace. Ces changements notables, déjà pressentis sur In The Raw, orientent la musique du groupe vers des thèmes plus sombres, comme le montre si bien l’excellent « Nuclear Skies » au refrain entêtant.
Au sommet de sa forme, le trio nous propose alors le superbe « Rock Warriors » qui voit une nouvelle fois la section rythmique abattre un travail phénoménal, tandis que la guitare de David Feinstein tisse des riffs furieux. Cette petite bombe, qui termine la face A, s’achève dans un déluge de décibels jamais entendu jusqu’alors chez ce groupe. La face B débute par « Bad Blood », qui est à The Rods ce que « Breaking the Law » est à Judas Priest. Ça déboule à cent à l’heure, vrille les tympans et renverse tout sur son passage. Sur CD, l’enchaînement de ces deux titres est tout bonnement imparable. Pour résister à cette pression, le titre suivant se devait de ne pas paraître trop léger. Cela ne risquait pas d’arriver avec l’épais « She’s So Tight » dans lequel Kiss semble avoir bien pioché pour écrire son « Uh ! All Night »…
La suite ne baisse pas d’intensité, avec le speed « Got the Fire Burnin' » qui fuse, emporté par un riff purement metal et un refrain aussi rapide. Vient ensuite la profession de foi « I’m a Rocker » qui est certainement le morceau le moins bon de cet album, en dépit de son break et de son solo. Mais après quatre chansons aussi bonnes ce titre avait peu de chance de s’en tirer ne serait-ce qu’avec les honneurs, d’autant plus que « She’s Such a Bitch » est un morceau vraiment méchant, pas très éloigné du registre de Judas Priest. Son riff tourbillonnant, sa batterie énorme, son refrain presque craché et sa basse vrombissante concourent à en faire une des pièces maîtresses de ce Let Them Eat Metal qu’il clôt en beauté.
Totalement réussi, cet album place la barre encore plus haut que son prédécesseur.