Derrière ce projet à la consonance très pastorale, se cache Marc Jacobs, plus connu des bruxellois en tant que programmateur du Bozar Electronic Arts Festival et nuits affiliées. S’y sont croisés dernièrement Thomas Ankersmit, Phill Niblock, Tim Hecker, Lumisokea, Ben Frost ou même Robert Henke ; inutile donc de préciser que le monsieur a plutôt bon goût. Like a Pack of Hounds est son premier album et fait suite à deux formats courts sortis ces dernières années.


Depuis ses EPs I’m so in love I forgot a disaster et Smile (and the wild will smile with you), le hollandais semble avoir canalisé les débordements énergétiques et frontaux de ses compositions, en faveur d’une atmosphère plus marquée, plus sombre, mais toujours résolument électrique. Que ce soit par le biais de sa guitare ou de ses manipulations électroniques, l’album abrite bon nombre d'uppercuts et de décharges, maintenant ainsi une certaine tension sans jamais porter de coup fatal.


Une tension également appuyée par une présence animale, celle de chiens-loups, rôdant aux abords, et dont on entendra occasionnellement les hurlements résonner. Des friches industrielles désolées de End Of d’où retentissent des coups de fouets foudroyants, aux rivages de Looking Back My Sweet, progressivement rongés par des vagues abrasives de distorsion, jusqu’à l’excellent Hell & Fix, Prairie est diablement efficace pour évoquer des lieux où l’humain n’a plus sa place.


Moins menaçantes, d’autres voix apparaissent en milieu d’album et amorcent un changement de ton, ou du moins, allègent l'atmosphère. Celle suave et envoûtante de Lucille Calmel, qui pose ses textes sur Elle See, ou celle de Jacobs lui-même, annoncent des titres imprégnés d’un post-rock lancinant. On peut citer ainsi On Moan Lines, parcouru de soubresauts nerveux comme autant d’anévrisme prêts à rompre ou le plus ambient A Demon Will Hurt You, strié de lignes à la dérive. Reste que certains de ces morceaux présentent un aspect un peu trop lo-fi par rapport aux précédents, renforçant ce contraste avec la première partie.


Allant puiser aussi bien dans des influences industrielles ou post-rock, pour ne citer que celles-ci, Prairie mêle habilement ces univers et nous propose un album surprenant. On peut néanmoins se demander pour quelle raison le label inclut lors de l'achat de l'album un des premiers EPs de Prairie, qui dénote étrangement en maturité avec ce Like a Pack of Hounds.


http://www.swqw.fr/chroniques/musiques-electroniques/prairie-like-a-pack-of-hounds.html

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le 11 sept. 2015

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