On peut toujours imaginer qu'un musicien, membre de groupe ait un jour envie de voler en solo. C'est le cas de Mike Fellows, batteur pour Air Miami, bassiste pour Silver Jews, collaborateur additionnel de Bonnie Prince Billy. Mais on ne l'imaginait pas forcément auteur d'un songwriting aussi foutraque, brinquebalant et personnel. Limited storyline guest ne ressemble pas à proprement parlé à l'œuvre d'un bassiste, encore moins d'un batteur, deux fonctions souvent minimales voire inutiles sur le disque. Comble du contre-pied, Fellows utilise une boîte à rythme, le temps d'un Sunshores. Un temps seulement car pour le reste, l'instrumentation, le plus souvent, ne dépasse guère la guitare acoustique, souvent en picking, et l'harmonica. Fellows nous propose un voyage à travers les USA profond, un voyage un peu barré, à hauteur d'homme qui doit autant à JJ Cale qu'à Hank Williams. Mais Mike Fellows ne fait pas volte face à la modernité. Il y a Sunshores mais pas seulement, Fellows n'a pas peur de chatouiller un courant plus post (our crank et AM, leurs pianos dissonants, leur volonté d'abstraction) ou s'inscrire dans un registre plus antifolk (All wang heavily et son gimmick irrésistiblement séducteur). Les anciens trouveront que le bonhomme perpétue l'esprit "roots", les modernes se diront qu'il amène, à son modeste niveau, un peu de fantaisie à cette foutue tradition. Et les deux auront raison. A l'image de la pochette où des notes de couleurs fluos viennent se superposer sur la gueule de loser magnifique en noir et blanc de Fellows.