Album après album, le label japonais Noble commence à dessiner à travers des artistes individuels une oeuvre globale entre classicisme et modernité. La petite musique de nuit de Noble commence à se faire entendre et c'est tant mieux. Yasushi Yoshida, tout comme Piana, Midori Hirano, Kashiwa Daisuke, a eu une éducation classique : le piano reste ainsi l'instrument central de son oeuvre, là où tout commence, là où tout finit. Et sa musique porte les stigmates de la musique romantique et de la musique française. Mais en musicien vivant avec son temps, Yoshida utilise cordes, percussion, saxophone, cuivres avec l'impressionnisme d'un Philip Glass ou d'un Howard Shore.
Pas un instrument plus haut que l'autre mais le sentiment d'être dans un bateau qui dérive lentement au milieu des glaces, avec mélancolie (Thread Still). Three winters our trace nait même d'un souffle. Cela pourrait parfois devenir pompier mais le mesure du Japonais fait que nous restons toujours dans la dignité et non dans le pathos. Pour son deuxième album, Yoshida a décidé de délaisser un peu l'électronique qui habillait Music for everyday life pour retrouver le plaisir des matières organiques. Pour Greyed, l'électronique est bel et bien là pour enjouer une mélodie par ailleurs émouvante, jolie ambivalence que seule la (bonne) musique peut offrir. Avec Yoshida, la musique est un art noble.