La vie est ainsi faîte : Martin Anderson est atteint d’une maladie rare de l’estomac qui l’oblige à demeurer chez lui presque tous les jours, relié à une intraveineuse. C’est dur d’autant quand on a été le leader du groupe Dilute, collaboré avec Kenseth Thibideay (Pinback) sous le nom de Howard Hello et fait différents enregistrements sous le nom de Jacques Kopstein. La maladie ne guérit pas de l’envie de faire de la musique, mais il faut dès lors composer différemment. Heureusement, le home studio (qui n’a jamais aussi bien porté son nom) existe et Martin rebaptisé Okay, son alter ego musical qui vit au-delà de la maladie, possède une palette musicale étendue pour faire vivre son « univers personnel ». Là aussi, la formule est parfaitement bien adaptée : la musique de Okay vient de l’intime le plus profond mais à des visées (visions ?) universelles.
Martin parle donc de lui, mais aussi de Bush ; une musique urbi et orbi, inventive et pleine d’instruments analogiques qui prend de la hauteur, au-dessus de la chambre de Martin, de l’Amérique et finalement dans les étoiles. Low road rappellera un peu la musique de Pinback, un peu celle de Viva Voce (période The heat can melt your brain), deux groupes adeptes de la musique de chambre. Okay redonne vitalité et fraîcheur à la pop-folk américaine. D’ailleurs, la perception que l’on peut avoir sur la voix de Martin change radicalement en cours d’écoute. D’abord perçue comme souffreteuse (sans doute à cause de ce que l’on sait), elle devient à nos oreilles une simple particularité vocale, à l’instar de Devendra Banhart. Pour Okay, la route est lente mais dieu, quelle est belle !