Chronique écrite en 2006
Mélanger les couleurs, cela fait 10 ans que le plus grand groupe de Montluçon en a fait son crédo. Et ce n'est pas après leur éviction de Barclay et le refuge trouvé chez At Home, que Kaolin a décidé de changer d'un iota cet axiome. Le groupe a pour lui l'humilité de ne pas cacher ces amours musicales, affirmant encore plus leur attachement à Bob Dylan (Partons vite, fausse vraie reprise de I want you) ou la filiation obligatoire avec le monument Noir désir (le morceau-titre, Sur le coeur). Kaolin l'affirme : ils aiment ça ! Mais ces titres grand public deviennent des sésames pour attirer le plus grand nombre vers des morceaux plus difficiles. Dire que c'est ceux là que l'on préfère (le post-rock en montagne-russe de Lilla Huset et celui sous tension sur la fin de J'insiste, la poésie symboliste Cantat-ienne de Greta) n'est après tout qu'une affaire de goût.
Le principal est ailleurs : que Kaolin ne se fourvoie pas dans ses morceaux les plus formatés mais n'exprime en fait qu'une réélle et saine passion pour la musique des anciens. Que le niveau reste toujours au dessus de la moyenne, même pour ces "singles". Que les morceaux les plus ambitieux frappent en plein dans le mille (et pourrait rendre jaloux les groupes les plus pointus et les exigeants). Que le groupe, dans sa volonté sans cesse de surprendre, réussit son pari. Celui de mélanger les couleurs.