Mais qu’est-ce qui fait courir Gilles Poizat ? L 'homme est aussi insaisissable que sa musique. Trompettiste de formation (il en reste des traces sur Lentement ou, Major Quality), joueur de cora, pour des artistes africains, le songwriter a finalement choisi la guitare pour assoir sa musique dans une position pour le moins bancale. Poizat a des micros vertiges et des flottements et on le comprend. L’homme est un esprit libre, un franc-tireur qui peut dégoupiller une bombe punk noise (parasite) ou improviser une pièce instrumentale à la guitare acoustique (Lit-Cage dans la lignée de l’aventureux L’Ocelle Mare) ou irradier la chanson française par des rayons expérimentaux (Moment de force). Entre ces extrêmes, Poizat écrit de drôles de folk songs, chaotiques et changeantes, mais recomposant des passages d’une beauté fragile, comme, le pourpre rétinien qui se reforme après, avoir été plongé dans l’obscurité., On pourrait citer Daniel Johnston ou Ariel Pink si le Français n’insufflait une dose de folk plus britannique dans ses chansons, éprises de liberté (Proper dance ou l’étrange Twin Peaks Baby). Débridé, bizarrement taillé mais finalement attachant.