"Le futur, c'est pas pédé! Il n'est pas très rose" nous hurle L.O.A.S., de sa voix très aiguë, si caractéristique. J'aurais tendance à dire que si l'évolution de DFHDGB continue de la même manière, le futur est rose bonbon.
Les différents Bandcamp forment une frise chronologique de l'écurie : d'abord Hyacinthe en solo, avec déjà Krampf à la prod, Hyacinthe et LOAS pour un EP commun de très, très bonne qualité Ne Pleurez Pas Mademoiselle et nous voici arrivé à cet EP dont les morceaux clippés, Derrière Les Cyprés, Déjà Mort, Parce Que et Quand Tu M'Tueras ont commencé a être distillés il y a 4 mois. 4 mois d'attente, à faire les cent pas, à m'attendre à un EP cataclysmique. J'avais tellement d'attentes que j'étais certain, en lançant l'album entre deux cours que j'allais être déçu...
Non.
L'album s'ouvre avec une énorme patate, L.O.A.S. vous hurle dessus, il vous hurle qu'il aime les svastikas, la drogue, les meufs, la mort, la haine et l'oseille. Tout l'album tournera autour de ces thématiques. Tout l'album est construit autour d'une alternance calme / tempête, parfois même à l’intérieur des morceaux, par exemple : "NDMA" est constitué de 3 parties, tempête, calme, tempête et ne se laisse apprivoiser qu'après de nombreuses écoutes. Au premier abord, j'avais beaucoup de mal à accepter cette coupure au début du morceau, mais elle est nécessaire, elle permet de reprendre une bouffée d'oxygène entre deux décharges de haine. Le MC n'hésite pas à jouer avec les codes, en lâchant d'énormes off beats qui sortent l'auditeur du disque, pour le faire rerentrer aussi tôt, encore plus fort, encore plus loin.
Ces sorties de routes couplées au rythme global de l'album le transforment en espèce de voyage étrange dans le quotidien, une forme d'évasion étrange, onirique et puissante.
En parlant de sorties de routes, L.O.A.S. n'hésite pas à essayer des trucs, et avec brio en plus. C'est ce qui est désespérant avec DFHDGB. Peuvent-ils seulement rater quelque chose?
Le chant, avec "une voix d'merde"? Aucun souci, il passe l'épreuve du feu. Le feat avec quelqu'un qui ne rappe pas à la base, qui ne fait que produire, et qui n'est pas très à son aise sur le beat? Arriver à tenir Hyacinthe en très grande forme, qui crache ses poumons autant que sa haine, sur un morceau sombre et crade? Pari réussi. L'alchimie entre les deux MC est presque palpable, vivement leur prochain EP commun.. Et le "triptyque du suicide". Les trois derniers titres de l'EP auraient pu n'être qu'un. Svastika Bambaataa commence doucement, genre rire jaune avant d'appuyer sur la gâchette, s’enchaine avec Bagdad Wagner. Tenez ce morceau loin, très loin, des dépressifs. L'instru, plombée, monotone, rythmée par le son du chargement d'une arme porté par un L.O.A.S. qui force encore plus sur sa voix que d'habitude et qui s'enfonce dans un égotrip sombre qui ne peut laisser indifférent. Et Krampf dégaine son plus beau remix de Patrick Juvet pour permettre au barbu de vider son sac, de s’aérer l'esprit. C'est sans doute le morceau le plus personnel de l'album.
Au niveau des prods, on retrouve un peu toujours les mêmes mecs qui gravitent autour des copains pour des instrus mélangeant gros hi-hats, beat poisseux et electro lumineuse.
Krampf, éminent membre des futurs maîtres du monde, Tomalone que je ne connaissais pas et qui lâche la très chaude instru du titre éponyme, Robotnik pour le très étrange Parce Que et Dj Pie pour Svastika Baambaata.
C'est, selon moi, l'album le plus important de cette année, l'album qui va propulser DFHDGB là où ils méritent d'être. Très, très haut.