Chronique écrite en 2003
A l'époque du dernier Noir Désir, les Inrocks titraient "Retour en douceur". Cette accroche se révèle on-ne peut-plus valable pour le leader de New Model Army. On peut même faire un parallèle entre les deux groupes puisque chacun a su s'engager politiquement dans son pays (Rappelons que New Model Army est à l'origine du mouvement des Travellers). Mieux, tout comme Fred Vidalenc parti en solo après être devenu navigateur, Justin Sullivan fait son album autour du thème de la mer avant de partir lui aussi voguer sur un cargo. Le même cheminement mais à l'envers. En tout cas, remercions Justin d'avoir choisi de faire les choses dans ce sens, notre plaisir aurait été ajourné. Ce premier opus est en effet tout simplement magnifique, s'inscrivant dans la grande tradition du folk britannique de Nick Drake à ... Johan Asherton. Dans cet écrin, la voix de Justin n' a jamais été aussi profonde et chaleureuse rappelant David Gilmour et même Peter Gabriel (Home). On est bluffé par ce sentiment de sérénité et de plénitude. Au détour d'une chanson, on se laissera submerger par des arrangements de cordes (le morceau-titre, twilight home...), quelques touches de piano, par l'apport d'un flugel (Ghost rain), d'une trompette (S*un water*) ou par l'emploi d'une distorsion (Home). Tout le long de l'album, on reste pendu à la double basse ou la Fretless de Danny Thompson (Kate Bush) et à la présence rassurante de la guitare acoustique. Tout se résout ici dans un camaïeu de tons subtils et délicats. Et quand la mer commence à s'agiter (Ocean Rising), la musique de l'anglais devient fiévreuse mais reste toujours aussi sensible. Justin Sullivan a trouvé le point d'équilibre.