La musique de Porn Sword Tobacco devrait être à l’image de sa pochette. Presque monochrome, calme et sereine mais avec en soi quelques éléments pour s’amuser un peu. Pour Henrik Jonsson (celui qui se cache derrière cet étrange pseudo), tout comme pour l’auditeur, le plaisir sera avant tout solitaire. L’ambient est une musique faîte pour soi, le meilleur moyen d’en découvrir chaque nuance est encore d’avoir recours à un bon casque et ça, Jonsson ne l’a pas oublié offrant un large spectre auditif, apte à démontrer toutes les capacités techniques de votre chaise hi-fi. Bon, l’intérêt de PST ne s’arrête pas là, quand même…Le Suédois semble avoir été plus marqué par Brian Eno ou Harold Budd, des vétérans de la cause, que par des électroniciens plus actuels (Fennesz ou Swod pour n’en citer que deux). La musique de New Exclusive Olympic Heights semble presque un peu datée, surtout quand Jonsson essaye de coller une mélodie un peu cheap à ces paysages sonores (le raté Gittwrap yourself, sorry ou le pianistique En Hyllning till cyclein plus proche de Clayderman que de Chopin). C’est souvent d’ailleurs l’écueil principal de l’album, vouloir à tout prix créer un début de mélodie (pourquoi pas) et surtout le faire avec des sons de synthés tout droit sortis d’un épisode de Derrick. On le préfère moins narratif quand il esquisse juste une partie de guitare métallique dans un monde en plein chamboulement (Den Rosa sporten) ou se contente de faire bouger ses icebergs musicaux au gré du courant (Do the astrowalz). US saloon props 41/59 a un petit côté Badalamenti resté à l’état de fœtus et ce n’est aucunement désagréable. PST dépasse aussi parfois les limites de la critique : que pensez de Cubical fever, entre claviers spatiaux à la Jean-Michel Jarre, et apport world (Afrique, Caraïbes) ? Comble du mauvais goût ou avant-garde visionnaire ? Je démissionne…