chronique écrite en 2007...
1.500.000 albums de Quelqu'un m' a dit, à ce niveau-là ce n’est plus un succès mais un phénomène de mode. Carla Bruni revient avec un deuxième album sans promesse de réitérer un tel jackpot. Ce serait même étonnant d’ailleurs qu’elle y réussisse dans un pays tellement franchouillard qu’il ségrégationne ceux qui chantent en Anglais. Ce que fait donc Carla Bruni et pour cause puisqu’elle a décidé de mettre en musique différents poètes anglo-saxons : du classique irlandais Yeats à la sulfureuse Dorothy Parker en passant par Emily Dickinson. Belle idée qui éloigne l’italo-française de ses historiettes personnelles qui avaient pourtant touché le public (une des raisons sans doute d’un succès pas totalement immérité mais carrément disproportionné). Musicalement, Bruni reprend à son compte (elle a composé toutes les musiques) les choses là où elle les avait laissées. C’est-à-dire avec un certain intimisme. Et la pochette est là pour nous montrer que la chanteuse, studieuse et lectrice, entrevoit la musique comme un exercice artistique composé à la maison. De la chambre à l’Univers – à fortiori quand on chante des classiques de la littérature. Mais les arrangements de No promises sont nettement plus fouillés que ceux de Quelqu'un m’a dit, comme si la perspective de reprendre des classiques de la poésie anglophone avait obligé Bruni à se mettre au diapason de l’instrumentation nord-américaine. Slide-guitare, harmonica, violon, batterie à balais parcourent donc un album qui se veut résolument folk, volontiers country (Before the world was), plus rarement bluesy (Afternoon). Petit à petit, les morceaux défilant, l’instrumentation s’enorgueillit de plus en plus, devenant plus riche et se rapprochant des classiques de la musique US comme Bonnie Prince Billy – en plus lisse quand même. Mention spéciale à Ballade of Thirty-five, qui tisse une jolie toile de vieux claviers (est-ce un mellotron que j’entends au loin ?) autour de la voix et de la guitare qui rythme ladite ballade. Carla Bruni prend donc de l’ampleur et devient franchement plus fréquentable en folkeuse bucolique dans une nature verdoyante qu’en conteuse fébrile des petits bobos du 2 pièces cuisines. Après, la voix et le charisme général de l’ex-mannequin sont ce qu’ils sont, sympathiques mais limitées. Comme une bonne copine, gentiment conteuse mais loin de l’émotion suscitée par une Kristin Hersh, une Cat Power ou un Joanne Newsom. Mieux que le précédent et au succès plus incertain, comme une équation malheureusement archi-connue par chez nous.