Si vous aimez les ambiances froides, synthétiques et aseptisées, passez votre chemin ! Les Suédois de Golden Kanine sont un peu tout le contraire, une pop-folk généreuse, roots mais également sensible faisant un audacieux grand écart entre Arcade Fire, les Pogues, Jeff Buckley et même Idaho. A vous donner envie d’étancher sa soif de bière en épanchant ses sentiments.
Un peu comme un trophée, le groupe originaire de Malmö exhibe sur le livret de Oh Woe ! la liste des instruments utilisés : un rubrique à brac où l'on trouve aussi bien des guitares électriques que des (...on reprend son souffle) mandoline, contrebasse, banjo, trompette, trombone, piano, metallophone, accordéon, xylophone, kalimba, violon, violoncelle, piano, orgue à pédale...et j'en passe ! Vous l'avez donc noté, Oh Woe ! est en très grande partie acoustique, l'électricité des guitares se résumant à , quelques tapis sonores. , Sur, le bouleversant Low of probable outcome, les Fender se, font plus entendre, servant à , rendre encore plus dramatique le, morceau., , Cette cohorte d'instruments bigarrés donne une patine certaine à l'ensemble renvoyant, aux, ambiances roots de la , country folk qu'elles soient américaines, (l'ambiance, far west de Climb), ou britanniques (Burial ou All must die,, cabossé comme du Pogues).
Pourtant, au delà de ce parti pris qui donne un supplément de, charme, à la musique et une drôle de personnalité à Golden Kanine (même le très classique Fire proche d'une ballade, à la Springsteen devient avec eux, un morceau bizarrement fagoté), l'intérêt majeur du groupe n'est pas là . D'ailleurs, les Suédois, en bonne intelligence, commencent leur disque par exprimer tout de go un de leur atout principal, : la voix de leur chanteur épanchant une sensibilité à fleur de peau sur le devant de la scène. Le début de Arkham ressemble donc à du Jeff Buckley, voire même du Coldplay, avant que le reste de l'orchestre montre le bout de son nez et tire la chanson dans cet univers d'artisans musiciens à l'ancienne et ses arrangements forts en goût.
L'autre atout massue du disque réside tout simplement dans les compositions même des morceaux. Là où on s'entendrait, à une musique qui rue dans les brancards et des titres fiers à bras, on découvre des morceaux d'une sensibilité extrême : même l'enlevé Burial est porté par une, humeur mélancolique qui, , assombrit l'énergie, naturellement solaire du morceau et fait naviguer l'auditeur entre gaieté , de façade et tristesse diffuse. Ce paradoxe étonnant fait tout le sel de Oh Woe ! et toute sa valeur.
En dépit, de son instrumentation rustique,, l'écriture peut être carrément pop, (, Get by, sa section cuivre irrésistible, sa ligne de basse dansante) ou devenir, , introspective : à ce titre,, toute la fin, (A change, The Devil, Oh Lord en tête), avance sur la pointe des pieds dans une économie, de moyen, où chaque instrument tisse une fine toile émouvante nettement plus proche dès lors, d'Idaho que des Pogues.
On n'en attendait pas tant et là où on ne pensait que s'amuser, on en sort profondément émus, . Sont forts ces Suédois !