Qu.'un vent de fraîcheur nous vienne de Finlande, quoi de plus normal. Le fait qu'il émane d'un duo de synthé pop, fou de new wave, c'est déjà plus étonnant. Et pourtant, Juho et Tomi ne vont pas manquer de séduire ceux qui tomberont sur leur album Origin. La recette est pourtant simple : un chanteur poignant, sorte de nouveau romantique des temps modernes, des arrangements synthétiques nous renvoyant à l'époque de OMD ou Human League et des mélodies aigres-douces d'adolescents rêveurs. Produit avec une minutie diabolique par, Jori Hulkkonen, l'album associe nappes voluptueuses et programmations dansantes. Le duo amène beaucoup d'humanité dans cet univers froid ; même lors d'une course-poursuite dans un labyrinthe sans fin (Kiss and Tell à la fois haletant et touchant). Parfois, il se plante en beauté : Way of the future ne vaudrait même pas de servir de BO pour des séries B de SF., Quant à rainmaker qui aimerait convoquer le génie d'Ennio Morricone, il n'évoquera que les ringards Santa Esmeralda de sinistre mémoire. Pourtant, au vue du reste, ces deux ratés n'obscurcissent pas le tableau.
Derrière ce côté pop music assumé, Villa Nah ne manque pas d'ambitions, comme le prouve l'instrumental d'ouverture Time for tea, sorte de menuet pour synthétiseur parfaitement réussi. Il y a aussi le lunaire Esmerald Hills qui, derrière des programmations sèches et minimalistes, trouve le moyen miraculeux de devenir un titre éminemment poétique. Mais, c'est avec Running on que le duo devient carrément indispensable : une impulsion aussi prenante qu'un pouls qui bat la chamade, une mélodie imparable, subtile et mélancolique avec le piano idoine, il n'en faut pas plus pour que Villa Nah sorte de ces claviers le titre new wave le plus intelligent du moment. Cette formule musicale pourrait être anachronique et pourtant le duo finlandais prouve le contraire. Il fait donc bon vivre cette Villa Nah.