Otto par denizor

Rendons à César (a fortiori quand il s’agit d’un artiste italien) la vérité : Niagara est composé de Davide Tomat (leader de NAMB) mais aussi de Gabriele Ottimo (membre également de Namb, de GEMINI EXCERPT et Milena). Les deux Turinois ne chôment pas et sortent avec leur nouveau terrain de jeu un premier album étonnant.

Place est largement laissé aux voix et aux mélodies dans un disque semblant faire le grand écart : quel rapport, en effet, entre Eight dont la mélodie acid folk, très belle, rappellerait Espers et Watershipdown, formidable instrumental , lancée dans un flux aquatique peuplée d’anguilles électriques ? Et pourtant, à l’instar de Thee More Shallows (également chez Monotreme records) dont la démarche ici apparaît parallèle, on sent à chaque instant la patte arty et créative d’un duo osant beaucoup.

En effet, , les Turinois télescopent les styles et les époques en utilisant l’électronique en magnifique substance malléable. Dans le genre, Niagara fait très fort et pousse dans le XXI siècle, l’élégance harmonique de Tears For Fears (Superbe), le psychédélisme de Sergent’s pepper (Etacarinae) ou une certaine joliesse latine à la nonchalance solaire (Seal). Pour ces deux derniers titres, quand le duo range trompette, tambour ou ukulélé et appuie sur la touche »électronique » il se passe vraiment quelque chose, une puissance émotionnelle et musicale qui vous submerge. Quant à Superbe, le nom n’est pas usurpé, bien au contraire…Autre morceau de choix, Avec EVA, c’est la pop de Beta Band qui rencontre la techno de Letfield dans un entre-deux finalement très humain. Cet Otto, ses huit petits titres et ses 34′ minutes au compteur, a tout d’un grand.