Il est clair que la musique de Paul Hammer et Deirdre Muro ne va changer la face du monde. On pouvait d’ailleurs s’en douter, le duo américain est signé chez Nettwerk, label canadien plus réputé pour ses artistes grand public (Sarah Mc Lachlan, Avril Lavigne, Barenaked Ladies…) que pour ses prises de risque artistiques. Il n’empêche, comme il n’y a pas de mal à se faire du bien, Savoir Adore pourra satisfaire la soif musicale de l’amateur de pop, avide de douceur mélodique, de petits airs que l’on chantonne gaiement. Mais toujours en arrière-goût, le touche d’amertume mélancolique qui fera toujours la différence. Le single Dreamers a beau commencer sur un riff sourd de guitare et claviers, les Américains en reviennent vite à des lignes de chant sucrées, lui avec des faux airs de Morrissey (sur ce titre en tout cas), elle donnant une touche Papas Fritas, Superheroes ou plus récemment Chairlift à chaque harmonie. La mélodie fonctionne à merveille ; on marche. C’est un peu la même chose par la suite, le duo partant la fleur au fusil, balançant des guitares conquérantes sur Loveliest Creature…pour aboutir à un refrain gentillet, entre disco et new wave.
Que voulez-vous, c’est dans leur nature – peut-être l’explication du nom de l’album ? - et cela n’est pas non plus pour déplaire. Appelant eux-mêmes leur musique sous la bannière de « Fantasy pop », le duo a, pour lui, pas mal d’armes de séduction et n’est pas qu’un joli mirage estival, avec cette envie à tout crin de musique acidulée. Ce n’est d’ailleurs pas totalement le cas, le duo sait – comme nous l’avons-vu – montrer quelques griffes et les rythmiques ont l’entrain nécessaire pour vous sortir d’une trop confortable torpeur. Mais Savoir Adore a surtout un bagage musical intéressant, intégrant en filigrane les apports new wave / shoegaze d’un Lush par exemple, et il pratique à merveille le mariage des sonorités claviers et de guitares joliment entremélés dans un bon goût certain, dans un esprit proche de Broken Social Scene. Et puis, Paul et Deirdre ont le chic pour vous dénicher une ligne de chant dont la mélodie vous illumine tout à coup un morceau (Imagination, At The same time comme plus brillants exemples). Sur Speed Bump, en pleine ivresse dansante, sur des beats hérités des années 80, dans une voluptée californienne digne de Tahiti 80, Deirdre vient poser sa douce voix boudeuse et il est difficile dès lors de ne pas fondre. On oubliera quelques morceaux un peu too much (Beating Hearts entre Wham et une BO possible pour « Madagascar » ?), d’autres vraiment entendus cent fois (Anywhere you go) pour profiter de ces moments enchanteurs. Aimer Savoir Adore n’est pas chose difficile.