En écoutant Grass Widow, une évidence m’a frappé : la new wave naissante de Cure période Three Imaginary Boys et l’indie rock des Américaines de Sleater-Kinney avaient plus que de vagues similitudes en commun. Par essence, les deux musiques appartiennent au même esprit : un rock sec et nerveux bati sur des mélodies simples mais addictives et produit dans un minimalisme étriqué mais séduisant.
Dans leur spectre étroit, les guitares dessinent des courbes vives comme pour compenser la sécheresse du propos. La batterie joue aussi le contraste entre des sons de toms sourds et des cymbales précises et alertes. Grass Widow se situe parfaitement entre Cure et Sleater-Kinney.
On aura tendance à les rapprocher naturellement des secondes car Grass Widow est lui aussi un trio féminin. A la différence de la fougue vocale des Sleater-Kinney ou du chant désincarné de Smith, les Californiennes, elles, choisissent de chanter en choeur avec de douces voix fluettes, parfois dans un timbre bleu proche de Laetitia Sadier : ce parti-pris compense encore plus les contours un peu abrupt de la musique et apporte une vraie personnalité à Grass widow par rapport à ces modèles possibles. Et je ne parle pas d'un violon sur Uncertain memory ou d'un orgue sur Strangers come qui tire encore plus le trio du côté de l'harmonie. L'album est simple et diablement efficace. Et comme il ne dure que 26', on en redemande !