La paire Electric Mop (Bettina Knee et Emiliano Turi) est pour le moins farfelue. A tel point que leur album pop affiche deux directions diamétralement opposées dans un même disque. Et en plus, comble du contrepied, ils commencent leur album par la tendance minoritaire, à savoir Jacqueline, une titre pop soul un peu feutrée dans la lignée d'un Fever. Theodora von kees reviendra donner de la voix donc deux autres fois notamment sur John and Charlotte très Air. On aurait dit que Electric Mop, profitant de la visite dans leur studio d'une chanteuse, se serait dit "Profitons de l'occas'". Car pour le reste, Electric Mop délaisse le chant et les ambiances "Blue Velvet" ou "Virgin Suicides" pour proposer un voyage arrière vers les paradis plastic d'une électro-pop des origines. On est souvent dans un format de musique de films (à l'instar du dernier Zombie Zombie) mais boosté par des orgues bontempi et des programmations en forme de légo.
La culture de duo, ce sont les univers aux couleurs saturées d'André Popp, de Jean-Jacques Perrey, de Jacno mais aussi la musique des gialli série B. italiens. Electric Mop combine le comble du branché avec la culture la plus populaire qui soit ; une tonne de motifs synthétiques qui renvoie à l'enfance avec des gimmicks que l'on aurait pu entendre dans "Chapi Chapo" ou "Watoo Watoo". Pas de gloubil boulga night en perspective car la musique peut être parfois méchamment perverse (Dear Uncle Hughette martèle sec et sature à donf !) et puis, en redistribuant les cartes, Electric Mop modernise ses sons d'antan. Au passage, comme pour réconcilier à nouveau deux mondes en apparence antinomiques, le duo mixte démontre que la musique d'Air est au final assez proche de Procol Harum (Bianca, un peu kistch). On peut se laisser charmer.