Peau ne va, pas manquer d'attirer les jeux de mots, : on dira sans doute de la jeune Grenobloise qu'elle se met à nu, que sa musique est parfois celle d'une écorchée vive, qu'elle est toujours à fleur de peau. Cela tombe bien, ces images lui vont plutôt bien, même si la musique de Peau, elle, n'est pas nue.
Perrine Faillet, puisqu'il faut bien la nommer, n'est pas le genre de fille à se produire habillée d'une seule guitare. Certains titres ont le goût et l'aspect de la ritournelle acoustique jouée en pleine nature. Mais finalement elles n'en sont pas, : sur Weather, , Peau rajoute tout de suite des choeurs diaphanes de sirène et une cellobasse bien ronde et moelleuse. La Grenobloise aime l'ornementation et rajoute quelques couches, histoire de vous transporter dans un univers onirique et possiblement trouble (Litanie, le Lynchien Une petit pluie).
Peau appartient à la race des Emilie Simon ou des Claire Diterzi, mi Ange mi démon, qui révèle leur authenticité et leur sincérité dans des paradis artificiels. Elle doit imaginer chaque titre comme un jeu d'équilibre entre des courants contraires, entre force et fragilité, entre blanc immaculé et noirceur profonde. Il y a bien une chanson dépouillée sur l'album où la voix gracile de Perrine n'a pour support qu'un seul instrument mais c'est un Wurlitzer, ce qui est en soi plus original (guerre longue).
Pour le reste, son album Première mue serait plutôt du genre à vous plonger dans un tourbillon de sons électriques, d'habillages électroniques et de saveurs acoustiques (la fameuse guitare acoustique présente sur quelques titres). Epoque bénie où la technique permet à , de jeunes artistes de produire des projets sonores et musicaux ambitieux. Peau manie tout cela avec brio et facilité suivant un credo simple : qu'importe l'instrument, pourvu qu'on ait l'ivresse. Peau peut donc endosser différentes tenues et se draper d'arrangements différents, : Première mue, le premier titre de l'album la verra jouer les récitantes sur une techno minimale entêtante à souhait et dopée aux amphétamines, comme une véritable plongée dans un monde hallucinogène.
Peau est un peu laborantine (le plus expérimental Breathe, voyage à la dérive vers le chaos), Peau est un peu alchimiste , mais Peau est aussi une femme faite de chair et de sang, une grande sensible au romantisme d'un autre âge. C.'est dans des univers hybrides que cette féminité s'exprime le mieux (Kyle, sensuelle). Après la Grenobloise n'est pas contre des plaisirs plus directs avec un riff de guitare lourd asséné en pleine face (Enola Gay). La jeune femme prouve qu'elle ne manque pas de mordant. Cherchez la fille, trouvez la rockeuse.