"Je suis moi, dans tous mes états" : Prendre l'air selon B.A.M.

Voilà l’un des albums les plus mésestimés d’une artiste trop mésestimée sur SensCritique : Shy’m. S’étant faite connaître avec les sonorités plutôt R’n’B de son premier album Mes Fantaisies en 2006, la chanteuse (de son vrai nom Tamara Marthe) délaisse peu à peu ce genre pour se rapprocher de la Pop. Toujours épaulée de Cyril Kamar alias K. Maro et Louis Côté qui signent l’ensemble de ses chansons depuis ses débuts, la belle brune entend donc trouver un nouveau souffle musical. Alors pas étonnant qu’en 2010 son troisième album s’intitule Prendre l’air ! Cette nouvelle direction de style n’est pas seulement musicale mais aussi visuelle, pour preuve la pochette du CD avec le look de Shy’m et son regard déterminé. Reste à voir si les chansons de cet album proposent réellement une bouffée d’air frais…

C’est du moins le cas des premières pistes, notamment l'espiègle « Je sais » qui est le lead-single de l’album. La chanteuse reconnaît qu’elle peut se montrer dure avec l’homme épris d’elle mais le fond sonore guilleret nous donne envie de ne pas lui en tenir rigueur. Parlant de l’étape du couple en crise, « Prendre l’air » prend un ton plus sérieux donnant à la chanson une ambiance à la fois sombre et dansante. Un peu dans le style de « Paparazzi » de Lady Gaga, vous comprendrez mieux pourquoi « Prendre l’air » est la piste que je préfère de l’album éponyme ^^ Après ces deux produits plus Pop qu’à l’accoutumée, les paroles de « Je suis moi » sont l’occasion pour Shy’m de dire qu’elle peut s’adapter à son environnement mais sans renier qui elle est, dans « ce grand cirque » qu’est la société – métaphore illustrée dans le clip.

Quatrième piste et déjà quatrième single extrait de l’album, « Tourne » évoque la vie au rythme rapide que mène Shy’m depuis qu’elle est connue, sur un fond sonore laissant plus de place à la guitare sèche. Puis changement d’ambiance avec « Ne pars pas » portée par son texte touchant où la chanteuse supplie son chéri de rester auprès d’elle. Musicalement plus banale, « J’entends encore les mots » parle d’une relation finie où prenaient place des problèmes de communication, des non-dits et paroles blessantes. Attention ensuite au risque de confusion : il existe sur Prendre l’air deux « En apesanteur » ! L’une est présente sur la version originale de l’album tandis que l’autre (la plus connue) est une reprise de la chanson de Calogero qui est présente sur l’édition deluxe. Sa musique électronique, son piano et ses violons permettent une réinterprétation réussie.

Si l’on se réfère à l’ordre des pistes du CD, la légèreté dansante de la première « En apesanteur » nous quitte un peu brutalement pour laisser place à « Mauvaises nouvelles » avec ses paroles qui abordent le sujet lourd du décès d’un soldat parti sur le front, de quoi résonner chez des familles endeuillées. Plus dansante, « Déjà vu » est plutôt bien nommée puisque, musicalement parlant, il s’agit sans doute de la chanson de cet album où l’on sent le plus la patte du K. Maro de « Femme like U ». Et l’on reste sur la piste avec « Elle danse » où Shy’m a également participé à l’écriture des paroles. Ces dernières relatent le mode de vie d’une fille/femme qui travaille beaucoup et qui trouve en la musique et la danse son moyen de décompresser… et il est vrai que les sonorités électroniques très fin 2000’s nous donnent envie de danser à notre tour.

« Loin derrière » mise elle aussi sur de la musique électronique mais au tempo plus lent. L’artiste explique qu’il ne faut pas seulement compter sur le bon-vouloir des autres pour avancer, qu’il faut persévérer et donner le meilleur de soi afin d’atteindre ses objectifs. La dernière piste de l’album est l’émouvante « Petit Tom » où la chanteuse console un petit garçon triste mais qui ne se laisse pas abattre. Dernière piste ou presque, puisque furent ajoutées pour l’édition collector deux chansons supplémentaires plutôt Pop qui sont « Tout va bien » et « Et si pour une fois » : la première est du même cru musical que « Déjà vu »contre « La première fois » pour la seconde (très bon lead-single de son album précédent, plus charismatique et moins douce).

En somme, je dirais que l’on peut classer les chansons de l’album Prendre l’air en trois groupes assez distincts : les cinq singles extraits très Pop ambitieux pour le grand public (et plaisant le plus à mes oreilles), quatre non-singles tristes misant sur des textes émouvants, et six autres non-singles à la Pop électronique parfois teintée de R’n’B un peu désuète. Certes on s’éloigne du R’n’B des débuts mais la bouffée d’air frais à laquelle on pouvait s’attendre n’est pas complète… cependant elle fait du bien ! Un pari réussi pour Shy’m puisque Prendre l’air sera certifié triple disque de Platine pour plus de 350’000 ventes, notamment grâce à ses singles efficaces avec des vidéoclips recherchés et chorégraphiés pour les trois premiers. L’artiste se renouvellera davantage et avec réussite en 2012 sur un Caméléon avec moins de messages mais plus homogène et dansant.