chronique écrite en 2007...
Dirge est une nouvelle fois une victoire éclatante d’Another record, définitivement un vivier sans fin d’artistes de talent (récemment Jullian Angel, Wedding Soundtrack, Odran Trümmel). Le label ferait les gros titres des journaux à grand tirage s’il était basé à Olympia comme K records ou à Chicago comme Aesthetics et non pas à Poitiers. Mais revenons aux Normands de Dirge dont la musique peut séduire à elle seule sans l’appui d’aucune étiquette le plus rétif des amateurs d’Indie pop-folk de France ou d’ailleurs. Dirge appartient à cette race de songwriter (même s’il s’agit d’un groupe, le mot convient ici parfaitement) qui a su prendre ce qu’il y avait de meilleur dans le post-rock pour en nourrir ses chansons folk, à l’instar de L’Altra ou de Hood (même si les Français n’utilisent pas d’électronique). Avec eux, la batterie n’a pas peur d’être cotonneuse et la rythmique en général léthargique.
Le groupe met l’accent sur les sonorités, belles en soi, qui favorisent ainsi une bonne dose de contemplation. Des instruments arrivent à point nommé pour mettre en abîme la musique, lui faire prendre le large ou simplement lui prendre de la densité. Ici ce sera une trompette qui s’élève en fin de summer single. Là, un violon qui accentue la violente amertume d’un chant désincarné (Tourette). Là, encore, un accordéon en apnée (The smithdown ten). Plus généralement, Dirge insère un violoncelle au fort pouvoir mélancolique dans sa folk intimiste en possible rupture dissonante et en constante persistance lumineuse (You’ve grown away from me). On ne sort pas totalement indemne de ces 28’.