Demon Eyes se forme à Sannois, dans la région parisienne en 1982 sous l’impulsion de Thierry et Philippe Masson, du guitariste Philippe Chastagnol et du bassiste Rémy Bertelle. Lorsque Philippe Masson se consacre uniquement au chant grâce à l’arrivée d’un batteur, le groupe commence son ascension, enregistre une démo cinq titres (« L'Invincible Force De La Mort », « Mal Divin », « Les Deux Maudites », « Ombre Du Malheur » et « Remords posthumes ») qui va leur ouvrir quelques portes de stations de radio. A noter que le son de cette cassette est assez bon, très clair, et que les versions des titres communs à cette démo et à l’album sont très différentes. Ils signent un contrat avec le label Ebony records qui leur permet d’apparaître sur la compilation Metal Plated en 1983. Dans la foulée, ils entrent en studio pour enregistrer leur premier album en compagnie de Bob Snake, le batteur de Sortilège. Comme souvent avec les productions Ebony, le son est sourd, distordu, écrasé et beaucoup d’effets sont ajoutés à la voix. Rites Of Chaos n’échappe pas à la règle et cela n’arrange pas les choses.
Sous une pochette immédiatement reconnaissable, l’album accueille huit compositions d’un heavy metal gras, épais, aux paroles assez médiocres, à la syntaxe approximative, mais qui font mouche à l’époque. La mort est au cœur de leurs préoccupations, à tel point qu’en supprimant ce mot on élimine quasiment toutes les chansons. Techniquement, le groupe est à l’avenant. Les riffs sont directs, assez répétitifs, et les pains sont nombreux sur l’album. Pourtant, on se laisse porter par la naïveté du speed « Les Deux Maudites » (au mixage différent du reste de l’opus), les lignes vocales de l’énorme « L'Invincible Force De La Mort » et de la déferlante « La Revanche Des Dieux » aux riffs inspirés par Judas Priest. Musique et chant se calquent souvent, tandis que les breaks et les solos sont assez moyens, et souvent camouflés par des effets.
Quelques titres sortent donc du lot. Retenons aussi « L'Orgie Des Damnés » qui nous entraîne dans sa danse macabre grâce à des riffs bourrés de groove. Néanmoins, l’ensemble est en-dessous des leaders de la scène française de l’époque. « Ombre Du Malheur » est en partie pompé sur « Victim Of Changes » de Judas Priest, « Demon Eyes » n’a rien d’un hymne, ce qui est bien dommage puisqu’il porte le nom du groupe et surtout, le refrain est risible « z’yeux du démon » (sic). Quant à « Résurrection », ce titre est totalement dispensable, non seulement en raison de riffs passables, mais surtout de paroles totalement idiotes. Quant à l’instrumental « Hymne Au Seigneur De L'Orage », il prouve le médiocre niveau technique des musiciens.
Rites of Chaos est un album correct, réalisé par un groupe qui a sans doute présumé de ses moyens. Il demeure pourtant sympathique dans une collection de metal français. La suite confirmera cette impression.