Quatre ans après XXV qui marquait le quart de siècle du groupe, Oomph ! revient avec une véritable bombe de metal industriel, gorgée jusqu’à plus soif de riffs énormes et de mélodies comme seuls les Allemands savent en pondre. Ce mélange de metal industriel, de rock et de pop est ici porté jusqu’aux sommets pour s’inscrire comme l’une des meilleures réalisations du trio. Portée par une production énorme et dynamique chaque chanson devient une petite pépite qui brille de mille feux, faisant de Ritual une œuvre riche et addictive. Toujours adepte de textes revendicatifs, Dero Goi se présente une nouvelle fois comme un maître de cérémonie à la fois envoûtant et inquiétant qui distille ses lignes vocales avec soin, alternant différentes voix pour mieux nous surprendre, tandis que la musique explore de nombreuses ambiances.
Comme à l’accoutumé, les hymnes guerriers sont évidemment présents, et ce dès « Tausend Mann und ein Befehl », le premier titre, qui nous cueille par sa puissance et son refrain fédérateur capable de faire se dresser les foules, sans leur laisser le temps de respirer. Les riffs sont épais et les claviers suffisamment insidieux pour colorer le tout. Une belle entrée en matière, moins musclée pourtant que le binaire « Trümmerkinder » destiné à faire se lever les poings et secouer les têtes. Moins simple qu’il n’y paraît, il fait office de véritable blindé. Que dire alors de l’énorme « Im Namen des Vaters » dont le rythme, les claviers et les riffs vous emportent jusqu’à un refrain irrésistible ?
Oomph ! est en colère et nous le montre grâce à des paroles répétitives et facilement compréhensibles, comme sur l’excellent « Achtung! Achtung! » dont on ne peut se défaire en raison d’un refrain irrésistible. Les hymnes sont d’ailleurs nombreux sur Ritual. Alors que leurs compatriotes de Rammstein dénoncent les dérives de l’Allemagne, Oomph ! s’en prend à celles de l’Europe sur le superbe « Europa ». Dans la même lignée, l’inquiétant « TRRR – FCKN – HTLR » plonge aux sources du mal pour s’attaquer au nazisme avec ce titre dominé par des arrangements électroniques et un refrain carré et ternaire. A la manière de l’expressionisme de Fritz Lang, Oomph ! s’appuie sur des images industrielles pour susciter l’inquiétude et dénoncer nos travers. Cette fusion de grosses guitares, de lignes vocales soignées et d’atmosphères variées permet de mieux saisir les propos du groupe et de se laisser envoûter, comme sur le très beau « Lass’ die Beute frei » ou le plus classique « Kein Liebeslied » qui porte bien son titre : « pas une chanson d’amour ».
Tout au long de ces onze compositions, Oomph ! renouvelle sa musique en trouvant le bon équilibre entre l’énergie du metal industriel, les riffs du metal et les mélodies de la pop. Si c’est la recette employée depuis les débuts du groupe, avec Ritual, les Allemands parviennent à tirer le meilleur de chaque genre. Même les titres les moins évidents comme « Das Schweigen der Lämmer » ou « Phönix aus der Asche » possèdent une indéniable beauté, alors que « Seine Seele » prouve qu’une ballade peut aussi se révéler profonde.
Ritual est une franche réussite et sans doute l’un des albums de cette année 2019.