Avec US Christmas, c’est du lourd et même du très lourd ! Le premier morceau, In the night est une longue montée en puissance d’une durée de treize minutes où chaque frappe de batterie ressemble à une coup de semonce, où un escadron de guitares boueuses vient engluer l’horizon et où le chant ressemble les cris d’un loup blessé. On a connu plus light ! Le groupe originaire de Caroline du Nord a les tripes du blues et du désert rock ; une musique grasse qui colle aux basques et que l’on qualifierait de "terrestre" si le groupe par ailleurs n’entretenait pas un rapport particulier avec le psychédélisme. C’est là toute la particularité de USX de finir par produire un vrai trip par la durée même de morceaux qui installe un climat et par l’usage de claviers et même de thérémine sur certains de ses morceaux (Wolk in anareta).
Renseignement pris, il y a en avait plus (trop) sur leur album précédent. Run thick in the night trouve peut être le bon équilibre y compris entre un chant rare et de longues plages instrumentales de groupe ruminant à l’extrême son rock crasseux ; entre des envolées de guitares (Deep green) et des riffs terre à terre. Un violon se met aussi de la partie et finit par troubler les sens (Fonta Flora). Il y a donc d’un côté les forces telluriques et de l’autre la puissance cosmique et US Christmas au milieu, dans la zone de turbulences. L’album est long (en d’autres temps, cela aurait été un double vinyle) et la musique particulièrement dense, USX s’octroie des plages plus calmes, plus folk par essence : comme des pauses qui n’excluent pas l’apparition de certains fantômes (Ephraim in the stars) , des moments qui cherchent à retrouver une certaine pureté oubliée (The leonids). La voix de Nate Hall proche du timbre écorché de Gregg Dulli fait ici merveille. C’est fort et c’est bien, entre tripes et trip.