On pouvait craindre le pire. Le pseudo le plus abscons depuis l'invention du pseudo, un passé baigné par le métal, une musique qui n'a pas peur d'être baroque aux entournures, une artiste qui fait tout de la musique à l'enregistrement en passant par le visuel au risque donc de tout faire mal, des textes parfois parlés où sont énoncées quelques vérités crues au risque de faire passer Christine Angot pour une pudique...bref, on pouvait avoir peur et redouter le gloubi boulga musical. Eh bien safety first premier album de Maud-Elisa Mandreau est au contraire une petite merveille de musique visionnaire et sensible. Troy Von Balthazar, qui connaît la musique, ne s'y est d'ailleurs pas trompé puisqu'il co-écrit un titre avec la jeune femme. Le Prince Miiaou (va falloir s'y habituer) ne joue pas de tout (pas de la batterie en tout cas ou du violoncelle) mais presque, mais chez elle peut importe le moyen, seul compte le résultat : il y a donc des machines mais aussi des instruments réels enregistrés dans un esprit home studio (même si l'album a finalement été enregistré en studio)
.
Mais cet agencement tout personnel et cette ambition dans le ton nous éloignent grandement de ce que l'on serait supposé mettre derrière la formule "musique de home studio". Les visions musicales de Maud-Elisa n'ont rien de minimalistes, au contraire elle voit les choses en grand. C'est bel et bien le chemin voulu par son auteur, partir de la chambre et d'une expression en forme de journal intime ( he said no bouleversant) et par la magie même de la musique de devenir monumentale et universelle : par exemple Could you please die vous submerge telle une vague de 8 mètres. Football team, malingre en son début, devient une boule d'énergie brute. A beast beside you died (le fameux morceau co-écrit avec Troy) est un hymne pop fringant et fier. Un peu Kate Bush, un peu Chan Marshall, un peu Tender Forever...mais en fait personne de connue. Finalement, il est super ce pseudo, Le Prince Miiaou représente la possibilité d'une artiste à être totalement libre. Ce qu'est profondément Maud-Elisa Mandreau