A l’écoute de Sangue Puro, on se dit qu’avec les Georges Leningrad, le spectacle sur scène est garanti. Il n’y a qu’à voir leurs visages grimés et écouter leur musique pour imaginer tout de suite le happening que cela peut donner. Un sabbat dédié au dieu synthétique, une chaleur blanche prête à envahir toutes les salles. Sans les images et l’émotion live, cela ne s’appréhende pas de la même manière. Les Georges Leningrad sont des performers, jouant volontiers les marginaux de foire, prêt à tout justement pour jouer les extrémistes. Le problème c’est que le scandale annoncé reprend les principes d’une musique d’il y a 30 ans. Et c’est là que le bas blesse, la force expressionniste s’en trouve quelque peu émoussée…Depuis Suicide, on sait que le punk peut exister dans la sphère synthétique. Un axiome que les Georges Leningrad reprennent à leur compte (l’honnête Mammal beat). Tout comme celui édicté par The Cure que la new wave peut être tribale et « pornographique » (Sangue Puro). Les Canadiens vont plus loin que les corbeaux anglais (mais vont-ils « mieux » ?), s’inspirant sans doute de quelques tribus d’Amérique du Nord pour entamer une danse de la pluie (Eli eli Lamma sabachtani). Avec le trio Canadien, les pauses de March of Pigs de NIN deviennent un morceau entier (Skulls in the closet). Preuve que le minimalisme n’est pas ici un vain mot. La voix de furie se charge de donner une incarnation à cette folie, en bon élève de Nina Hagen, de Cobra Killer voire en amie de cause de Peaches (le bon_avouons-le_ hip hop torve Sleek answer). A vouloir être en permanence en marge, les Georges Leningrad laissent l’auditeur en rade. A moins que celui-ci ne soit vraiment amateur de cirques.