« Je m'appelle Jack Simard et j'écris des chansons. »
C'est ainsi que se présente Jack Simard au public de la petite salle de la Souris Verte à Épinal en septembre 2017. Simple, direct, modeste.
C'est donc un album live (mais avec quasiment que des inédits dedans) qui vient marquer les dix ans de carrière d'un chanteur discret qui écume les petites salles et les bars sans céder aux sirènes du show-biz (on l'a pas encore vu dans la Nouvelle Star quoi). Dix ans, ça me paraît peu tellement j'ai l'impression de l'écouter depuis longtemps. Il faut dire qu'à l'époque c'était devant quelques dizaines de personnes dans de petits villages des Vosges ou sur une estrade en plein l'air, au beau milieu de l'hiver, lors d'une compétition sportive. À cette époque, une chanson de son premier album, Les pétasses de la rue Saint-Jean devenait même une sorte de tube chez les étudiants nancéiens qui connaissaient bien la rue en question... et les pétasses qui vont avec.
Dix ans plus tard, il nous assure d'entrée qu'il a encore « faim à sans bouffer les doigts ». Il faut dire qu'il est loin le temps des chansonnettes guitare/voix (qui avaient par ailleurs un grand charme) et après une première évolution de la texture avec Mes Vers En Peinture en 2013, Du Bruit Pour Rien en 2015 est venu asseoir le « nouveau style » Simard, plus swing, plus bringuebalant, plus sauvage aussi (la pochette de ce nouvel album parle d'elle-même). Ici continue donc de se creuser un sillon plus partageur, avec Vincent Cegielski derrière les fûts et le fidèle Yannic Villenave au clavier, tandis que Jack conserve la guitare.
Et cette orchestration plus riche a donné plus d'ampleur à ses compositions, interprétées d’une voix désormais totalement assumée et avec un jeu de scène plus exubérant. C'est que le bonhomme se « soigne à la folie douce ».
Vieillir n'a en tout cas pas apaisé les doutes du chanteur. Au contraire, finit les chansonnettes mignonnes des débuts (Chocolat, Sarachou), bonjour les textes emplis de bile, de rage et... d'espoir évidemment. Simard est révolté et le chante avec les tripes. Sans complaisance. Et avec lucidité toujours.
Et l'amour on en parle ?
Laissons les chansons faire le boulot« car « si ce soir je suis à bout, c'est que je t'aime de toutes mes forces » (Regarde-moi) et tout au bout de la nuit « il me restera toi pour éponger mes yeux, pour écouter ma voix et.. pour m'aimer un peu. » (Il me restera toi, dédié à son chien). Avouant au passage à son public : « j'ai juste besoin de vous savoir là autour de moi, que vous m'aimiez quoi qu'il en soit » (Les pirates)
Et finalement la boucle se boucle par les mêmes mots :
« Je m'appelle Jack Simard et j'écris des chansons. Merci ! »
Un petit merci en plus. Simple, direct, modeste.
Avant qu'un rappel « sauvage » nous donne une dernière fois « du mouvement ». Franchement, j'aurais bien aimé être dans la salle ce soir-là. En espérant qu'il porte un jour ses valises de mots et de notes du côté de Strasbourg.
L'album se termine sur Permettez que je vous embrasse, une chanson enregistrée en studio qui lorgne vers quelque chose de plus folk, avec le retour au premier plan de la guitare acoustique. Indice vers une orientation musicale future ? Allez savoir !