Il aura fallu 7 ans à "rinocérôse" pour s'émanciper de l'emprise du Mobilier, tube fondateur qui avait fixé les règles de la musique du groupe, de ce passage entre le rock classique des Maracas (première entité) à cette house jouée guitare-basse-batterie. Dans la quête perpétuelle du morceau dansant (lourdingue avec le rock summer, plus réussi sur le reste de l'album précédent), "rinocérôse" n'avait jamais mis de côté son passé rock. Avec Schizophonic, cette double facette penche encore plus du côté du rock, les Montpelliérains invitant sur chaque morceau des vocalistes (à l'instar des Chemical Brothers) et réintégrant de ce fait le format chanson. On retrouve non sans déplaisir Mark Gardener, ex-Ride qui apporte à Shine toute l'ampleur que le morceau mérite. Avec ce début Verve et le suivant Fiction Dancer faisant la nique à The Servant, on se dit que "rinocérôse", à l'instar de Tommy Hools, est allé chercher du côté de la brit-pop le sel qui manquait parfois à ses musiques.
Mais ce n'est qu'une première impression, "rinocérôse" ne s'attachant pas à une seule transcription du rock. Schizophonic devient un projet ambitieux revisitant un pan non négligeable de l'histoire du rock : l'electro-pop façon Depeche Mode (Pleasure and Pain, juste crédible) ou façon Royksopp (Body to body, essai plus que concluant) ; l'indus de Marilyn Manson, dans une version assagie certes… mais toute aussi inutile que chez la baudruche américaine et même l'électro-funk de Prince (My demons). Avec Schizophonic, "rinocérôse" réaffirme aussi son attachement aux Rolling Stones, que ce soit dans sa veine Rythm and Blues (Bitch) ou obsessionnelle (les titres sont régulièrement aussi entêtants que Sympathy for the devil). Avec tout ça, la cohabitation n'est pas toujours facile et le groupe a du mal à exceller sur tous les terrains. Un peu plus de recentrage aurait pu être souhaitable