A la base, The Secret Machines avait comme leader deux frères, Brandon et Benjamin Curtis. Benjamin parti, le groupe continue néanmoins sur sa lancée, droit dans ses bottes, égal à lui-même. Le groupe américain navigue à contre-courant, citant volontiers des groupes de rock progressif dans ses influences. Et cet album, le troisième, ressuscite carrément Floyd. Ou, en tout cas, en a le secret objectif. C'est surtout la période Gilmour qui semble avoir impressionné The Secret machines. Pas forcément la meilleure, hélas. Pourtant, mis à part quelques restes un peu datés (le clavier sur underneath the concrete ; le voile sur la voix de I never thought to ask), les Américains sont dans le son bel et bien un groupe des années 2000. Les machines du nom martèlent (l'indus est passé par là), les guitares sont puissantes voire adeptes du riff baveux (last believer, drop dead). Etonnamment, tout cet aspect tonitruant, "bigger than life" pourrait on dire, joue plutôt en défaveur du groupe : le côté déjà naturellement héroïque ou emphatique des compositions se voit décuplé ainsi traité et cela devient un peu too much et presque un peu toc.


En étant méchant, on pourrait dire que ce côté couillu fait ressortir, par opposition, la niaiserie profonde de certaines mélodies : les guitares ont beau être rock et crissées à l'envi sur now you're gone, la mélodie est gnan gnan et évoquera plus Chris de Burgh que de Pink Floyd. Sur The walls are starting to crack, une période de flottement presque bruitiste aboutit à finalement un solo de guitar heros pénible et ringard. Tout ça pour ça. D'autant plus qu'avec tout ça, ces recherches sonores gâchées (le groupe avoue un faible pour My Bloody Valentine), cet esprit "extra large" mal dégrossi, The secret machines apparaît comme un groupe prétentieux, et ça, ce n'est jamais bon signe. Les morceaux étant longs, on peut toujours trouver des bons moments dans chacun mais aucun dans sa totalité n'obtient une totale adhésion. Have I run it peut-être, un titre que l'on aurait pu trouver sur The Fragile de N.I.N.. Ou dreaming of dreaming, longue variation sur une même impulsion rythmique. C'est un peu court quand même.

denizor
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le 3 sept. 2015

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