Voilà bien le genre d’album pour lequel on se précipite les yeux fermés. Le label Morr music y est pour beaucoup mais aussi la présence de Masha Qrella dont le surprenant premier album avait enchanté 2005. Contriva est son nouveau projet et le nom Separate chambers laisse supposer que cela sensiblement différent (et ça l’est, l’album étant essentiellement instrumental). Le premier Good to know laisse présager quelques surprises : un instru organique, tendance post-rock pour faire simple, avec les distorsions idoines mais une guitare lead avec un vibrato à la Shadows vient mettre un peu de piment dans une construction de bon goût mais assez classique. La suite commence sur une basse appuyée post-punk et renvoie plutôt aux instrumentaux arty des années 80 (Cure, Dif Juz). Car c’est bien là que réside la fraîcheur de Contriva, une musique qui assume pleinement quelques uns de ses ingrédients dans des références d’avant Tortoise pour le rock et Notwist pour la pop.
La discothèque de Contriva doit être vraiment étendue et leur ouverture d’esprit large, chaque morceau apportant quelques nuances nouvelles au précédent. Before nous ramène la voix de Masha Qrella pour un morceau typique de l’école allemande (avec néanmoins une mélodie à la Ivy et un riff Pixies-ien). Say Cheese a le côté atmosphérique des BO de Morricone ou Mancini, le groupe allemand étant doué tout au long de l’album pour créer des ambiances cinématiques (Centipede et ses accords jazz aurait pu se retrouver sur le dernier NLF 3 trio). Number me a l’évidence d’un bon titre mélodique des Smiths. Quant à Bluebottle, il restitue l’esprit lo-fi de Folk Implosion. Ce ne sont là que quelques exemples, Contriva gardant chaque fois la substantifique moelle des références qu’il pointe du doigt, sans rendre aride sa musique. Derrière sa façade habituelle, connue et appréciée des productions Morr music, Contriva cache un cœur qui lui est propre.