Le fait que Warren Ellis soit un des Bad Seeds a toujours donné envie à certains de jeter une oreille du côté de son groupe Dirty Three. Que le groupe ait côtoyé Cat Power aussi. Mais ne nous y trompons ce sixième album comme les précédents, va en étonner beaucoup. Il faut dire que la musique du trio australien n'est pas à proprement parler d'un genre facile. Plutôt le contraire : de longs instrumentaux fleurant bon la poussière du bush australien et des envies de formules radicales et sans concession. Une batterie tantôt martiale, tantôt déstructurée ; une guitare cristalline parfois prête à rugir (Rude) et surtout le violon de Ellis. Ce violon-là est bel et bien la marque du fabrique du trio, celui qui les distingue d'une mouvance post-rock ; celui qui rapproche ces longues plages arides du folk (celtique ou de l'est, on sait plus vraiment) ; celui qui remplace avantageusement la voix dans l'art de la mélopée . N'ayant jamais peur de tomber dans une musique répétitive ou dissonante, Dirty Three arrive aussi à émouvoir (Long way to go with no punch avec l'apport d'un piano très Keith Jarrett ; No stranger than that sans aucun apport du tout et déchirant) . On le savait déjà : derrière un physique bourru se cachent souvent de grands sensibles.