Avec Francesca Lago, c’est pour moi « Raison et sentiment ». Que je vous explique, il y a 20 ans j’étais ultra fan de Lush, un groupe fauché en plein vol par le suicide de son batteur.


Ce goût d'inachevé associé aux mélodies imparables du groupe, ont toujours fait que je garde une nostalgie particulière pour ce groupe depuis longtemps disparu. Mais voilà qu'arrive Francesca Lago, réincarnation italienne de Miki Berenyi et Emma Thompson (les deux, un exploit), pour un Siberian Dream Map, sorte d'hibernatus des années 90 me revenant en pleine face en 2011. Vous imaginez le choc ! Soyons honnêtes, il n'y a que du Lush dans ce disque, le style des Anglais n'étant pas à ce point spécifique si ce n'est par ses voix prenant des accents aigus et flottants reconnaissables entre mille. Comme Lush, Francesca Ago évoquera aussi par moments Sleeper, Salad ou Echobelly pour ces mêmes mélodies aigres douces, caressant alternativement dans les deux sens du poil.


Siberian Dream Map est donc bourré de titres pouvant chatouiller les charts indie, des morceaux qui pourraient titiller le NME et Bernard Lenoir. Et puis, l'Italienne a une particularité qui lui est propre par rapport à ses aînées anglaises : un violoncelle tenu par Zeno Gabaglio maître de l'archet et du pizzicato, donne un touche tour à tour plus mélancolique, ou plus heurtée à la musique. Parfaitement huilé, Francesca Lago en, quatuor (s'ajoutent un batteur et un bassiste) a tourné dans de nombreux pays européens et jouant notamment au Festival jazz de Montreux et fort de ces expériences, elle en tire aujourd'hui le bénéfice de morceaux efficacement troussés.


Avec tout ça, vous comprenez mieux mon dilemme entre raison et sentiment ? Le fait de se dire que Lush ne donnera jamais un successeur à Lovelife sorti en 1996 (et que donc tout ersatz est bon à prendre). Se dire en même temps que la copie ne vaut jamais, l'original car ce n'en est qu'une copie. Assumer, in fine d'être séduit, par les chansons - de qualité - de l'Italienne, bien que semblant ressortir telles quelles des années 90 avec la non-surprise que cela représente.


Je serai donc sans doute indulgent avec Francesca Lago mais les fans éternels de Lush me comprendront...

denizor
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le 26 nov. 2012

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