Avec Misstrip, « La douceur angevine » n’est plus ce qu’elle était. Ou plutôt elle se conjugue désormais avec des guitares saturées, des claviers puissants et des programmations pénétrantes. Emmené par une chanteuse à la voix heavenly,(pensez à Cocteau Twins, à Collection d’Arnel-Andrea), Misstrip propose une musique ambitieuse qui peut s’avérer casse-gueule à bien des égards : dur de ne pas voir la vie en dark sans tomber dans l’écueil Evanescence (grosses guitares, accoutrement gothic mais compos variétés). Dur d’avoir la grandiloquence et la vision musicale XXL d’Archive ou le mysticisme de Dead can Dance (sur le morceau-titre) sans tomber dans le cérémonieux de pacotille. Dur de ne pas titiller les atmosphères trip hop sans paraître avoir 10 ans de retard. Tout est ici question de bon dosage et face à ses possibles erreurs, Misstrip s’en tire plutôt bien (surtout comparé à d’autres).
La voix de Virginie, douce mais potentiellement rageuse, donne une conviction sans pareille et une chair à la musique qui touche forcément. Misstrip, sans faire dans la finesse, tisse ses atmosphères patiemment avec la volonté d’enivrer ou de perdre ses auditeurs dans une confusion de sentiment. Rock comme pouvait l’être Sneaker Pimps, Misstrip ne joue la carte des grosses guitares que si nécessaires, et non comme un écran de fumée facile pour masquer la vacuité des compositions. Ici les morceaux tiennent la route, pas de problème. En même temps, ils n’hésitent pas et savent balancer la sauce sans tiédeur se rapprochant franchement du metal gothic. Après on peut ne pas aimer une musique que ne fait pas dans la demi-mesure et la légèreté. Mais dans le style, Misstrip a la classe internationale. Indéniablement.