Quand on vit en Suède, on aime la nature. En tout cas, on le suppose au vu des grandes étendues forestières du pays. Hans Appelqvist a tout du doux dingue multi-instrumentiste et écologiste de surcroît. Cet album – son troisième – est bourré de samples de cris d’animaux divers et variés. On a parfois l’impression d’être à la ferme ou perdu au milieu de la Taïga à écouter de la (bonne) musique. Ce qui surprend toujours quand par ailleurs, on accouche d’un titre folk aussi beau et nu qu’un titre de Kings of Convenience (Tänk att himlens alla stjämor). Hans Appelqvist ressemble même à un concertiste jouant du Sibelius (Finlandais, la mentalité reste proche) mais qui serait retombé en enfance au point de parasiter ce spleen profond de sons tout droits sorti de « Beep Beep et le Coyote » ! Quand le joyeux iconoclaste ne brise pas en vol le début d’une symphonie mais des borborygmes vocaux …forcément surprenants. Sirantin och möckret mêle donc le beau (jag and gok) et le déjanté ; le profond et le dérisoire, la Musique Classique et le collage sonore. Le Suédois sample aussi des voix de garçonnets et use d’instruments qui sentent bons les jouets en bois (pipeau, d’orgue de barbarie). A lire cette chronique, on pourrait craindre à une musique parfois niaise, parfois ampoulée mais justement, l’arrivée d’éléments saugrenues venant rompre tout cliché permet d’éviter tous les écueils possibles et fait entrer son auteur dans la famille des artistes visionnaires. L’album en tout cas, ultra court dans sa durée, ressemble à un mirage qui laisse l’impression persistante qu’ Hans Appelqvist est vraiment un compositeur à part.