On peut se demander quand Will Oldham trouve le temps de dormir : entre un album sous son nom, un nouveau Bonnie "Prince Billy" et une collaboration au projet This Immortal Coil, l'Américain barbu trouve le temps de collaborer avec Brian Harnetty. Cet originaire de l'Ohio fait de la musique en intégrant des éléments sonores trouvés (des archives) ou pris sur le vif (par exemple dans un rade perdu dans le midwest) et pour Silent night, c'est une nouvelle fois le cas. drôle de disque en effet mais qui a le pouvoir d'évacuer de votre discothèque tonne de disques superflus. Pour résumer, la vision musicale de Harnetty permet d'épurer la musique initialement produite par Bonnie "Prince" Billy. Tout l'esprit de la folk se résume à l'essentiel à travers une musique devenue abstraite, lente à souhait voire presque arythmique. Le piano résonne, la guitare acoustique a tendance à se raréfier,
le banjo résiste encore et revient parfois mettre de la vie à l'ambiance nocturne de cette fameuse ville silencieuse. La folk se dilue dans un jazz vaporeux ou dans une électronica impressionniste, ce qui nous donne des instrumentaux superbes de délicatesse (it's different now). Le traitement est ainsi minéral, influencé par Steve Reich ou Keith Jarreth, avec une économie de chant mais qui apparaît, suivant le désormais connu principe du Less is more, plus touchante que jamais (Sleeping in the driveway ; and under the winesap tree ; Some glad day). Les voix sont pourtant là, les fameuses prises de sons de Harnetty : des voix de vieux américains dont on imagine les gueules, les barbes fournies et les rides creusées rien qu'au son de leur voix, des voix de redneck chantantes des airs traditionnels la voix chevrotante. A se demander si ces voix indigènes ne représentent pas l'esprit du folk aussi sûrement que la musique elle-même. Un album à part mais qui laisse sans voix.