La musique classique est un véritable art populaire dans les Pays de l'Est et on ne sera donc pas étonné de retrouver du violon, du violoncelle ou de la flûte dans la musique de Flëur. Emmené par Olga et Elena, le duo Ukrainien fait dans la pop de chambre, d'autres y voient une version à peine électrifiée et sans effets de Cocteau Twins (ce qui revient à avoir beaucoup d'imagination) ou bien la version slave de Collection d'Arnell-Andrea ...Mais chez Flëur, le piano est au centre de la musique. En cela, c'est bel et bien l'esprit de Kate Bush ou Tori Amos qui est convoqué. Mais le rapprochement ne s'arrête pas là. On retrouve chez Flëur ce même épanchement romantique (au sens classique) qui fait que la musique peut sortir de ses gongs, devenir échevelé et livide dans la tempête. Les deux jeunes femmes en apparence bien élevées et de bonnes familles révèlent au détour d'une composition "jolie" des sentiments moins respectables. Caché derrière leur décorum, Olga et Elena sont deux voix angéliques qui cachent en creux des moeurs décadentes et des tourments sans fins. Un peu comme les Soeurs Brontë (certains titres sentent d'ailleurs le folklore et la campagne britannique). La Flëur peut donc se révéler vénéneuse comme chez les Blonde Redhead de Misery is a butterfly. C'est dans cette ambivalence que repose tout l'intérêt de Flëur et sauve le duo de la naphtaline. Il n'y a jamais rien de mieux qu'une musique qui se découvre et affirme une richesse ambiguë après plusieurs écoutes. Siyanie ("lumière" en russe) termine une trilogie. Que vont faire les sirènes Ukrainiennes après ça ? Sans doute la même musique. On ne les imagine pas faire autre chose, tant elles excellent dans leur domaine.