Ombres portées
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Album de The Alvaret Ensemble, Kira Kira, Eiríkur Orri Ólafsson, Ingi Garðar Erlendsson et Borgar Magnason (2014)
La musique de The Alvaret Ensemble se prête décidément très bien aux lieux de culte. Après leur splendide premier album éponyme enregistré à la Grunewaldkirche de Berlin, les membres du collectif ont trouvé refuge dans une vieille église sur l’île de Terschelling, aux Pays-Bas, pour une série de concerts, tous enregistrés. La formation — le pianiste Greg Haines, le percussionniste Sytze Pruiksma, le poète Jan Kleefstra et son frère Romke à la guitare — s’est associée cette fois-ci aux islandais Ingi Garðar Erlendsson (au tuba, trombone ou "thranophone"), Kira Kira (voix et électronique), Borgar Magnason (contrebasse) et Eiríkur Orri Ólafsson (trompette, électronique), qu’ils ont rencontrés lors d’un voyage en Islande. Skeylja vient de sortir chez Denovali et recueille, le temps d'un album, une partie de cette dizaine d'heures d'enregistrement.
Saisir la spontanéité de l'instant. Si les musiciens viennent d'horizons assez variés – certains ont en effet contribué à des albums plutôt axés jazz, classique, rock ou même folk –, tous ici improvisent. Aucune ligne directrice figée, mais chacune de leurs improvisations est néanmoins partie d'une illustration ou d'une idée, que chacun interprétait à sa manière. Leur entière liberté de jeu se chargeait ensuite de flouter ces images pour qu'elles deviennent méconnaissables au fil du concert. Erlendsson, par exemple, matérialisait ses esquisses de poissons en des nuées sonores, tels des bancs de nuages qui assombriraient l'atmosphère. Des ambiances qui, pour d'autres musiciens, pouvaient évoquer des paysages islandais ou le littoral de la mer du Nord.
Si tout cela reste hautement subjectif, ce qui marque — et surprend même — à la première écoute de Skeylja est qu'il n'hésite pas à se détacher de la douceur feutrée (toute relative) dont était empreint le premier album et à s'aventurer dans des eaux moins paisibles. Les cuivres et la batterie, principalement, qui surgissent sans prévenir (Hoarn) ou viennent renforcer le climat angoissant qu'instaurent les lignes de guitare (Sjouw). Mais c’est surtout un album en nuances, tant au niveau des instruments que des voix (en frison pour Jan et en islandais pour Kira Kira), laissant aussi bien la place au silence qu’aux montées en puissance (le très beau Kleifarvatn). Des voix qui se marient à merveille, se font écho et alternent sans cesse, matérialisant la rencontre d’univers musicaux et de pays qui s’entremêlent spontanément.
Accompagnés du 33 1/3 Collective pour la partie vidéo, Skeylja est une fresque sonore et visuelle, un album très aéré pour le nombre de musiciens, où chacun trouve sa place dans cet Ensemble aussi cohérent que convaincant.
Créée
le 13 sept. 2015
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