Je ne sais pas ce qu’à l’air de Baltimore mais le ville a le don d’attirer les barjots. John Waters en maître absolu et Dan Deacon en élève musical. Les deux hommes n’ont à proprement rien à voir (Deacon ne fait pas dans le salace trash) mais ils ont tous deux un certain mauvais goût assumé, le scandale possible qui en découle et qui plus est, un physique reconnaissable entre mille avec le détail spécifique qui fait les icônes (les moustaches affûtés pour Waters ; les lunettes bariolées pour Deacon). Et puis chacun arrive à créer et à être original avec pas grand chose, si ce n’est beaucoup d’inventivité et un esprit libertaire. Sur wooody wooodpecker, Deacon fait tourner un morceau entier sur le célèbre cri de satisfaction du pic-vert et sur une rythmique aussi piquante que le piaf frappant un arbre. C’est complètement deuxième degrés, anecdotique mais bigrement original. Le morceau met en avant ce que seront les armes préférées de l’électronicien : des synthés entre jeu vidéo, jouet Fisher price et électro-pop 80’s et des boîtes à rythmes répétitives qui piquent comme des dards d’abeille. Par ces aspects, l’Américain se situe entre Solvent le Canadien et les Allemands de Mouse on Mars ou pourra séduire les nostalgiques de Devo, Kraftwerk ou… de Jean-Michel Jarre (ces derniers trouveront quand même Deacon un peu trop fou à leur goût). Par le prisme de ses sons électroniques, notre hurluberlu fait volontiers du skank (The Crystal day), du Talking Heads s’amusant déjà à détourner la folk de la campagne (Wham city pour un deuxième niveau de relecture). Il éclate complètement la pop dansante girlie ( Okie Dokie), distord dans tous les sens ce qui pourrait être un hymne house (Snake mistakes, Daft Punk dans l’esprit) et dynamite totalement Trippy Green skull en électro-fuzz-noise (meilleur morceau de l’album). Ce qui rend au final totalement jouissif la musique de Dan Deacon, c’est que l’Américain fait ses expérimentations musicales à partir d’un terreau ultra grand public voire sous culturel (comme pouvait le laisser entendre le titre de l’album). L’album est peut-être un peu fatigant sur la longueur mais en attendant quel camouflée pour tous les pseudos hard rockeurs, goths et tous ceux qui veulent être rebelles : le vrai subversif est bel et bien là. Sans aucune guitare mais avec talent.

denizor
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le 8 sept. 2015

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