Après un premier EP remarqué en 2005, les Américains de Apse reviennent avec un long format épousant encore plus les contours Radiohead-esque de Kid A et d'Amnesiac. Certains moments de Spirit évoque au plus haut point le musique de la bande de Thom Yorke (comme le traitement de la voix), comme une nouvelle preuve de l'impact majeur que les Anglais auront eu sur la musique rock. Une ressemblance parfois troublante (quid de Apse si Radiohead n'avait pas existé ?). Mais le jeu va consister dès lors à chercher les divergences qu'Apse amène par rapport à son illustre prédécesseur. Et elles sont aussi subtiles que nombreuses. En premier lieu, le groupe américain se distingue par son absence d'électronique (faisant fi de son précédent EP) préférant des instruments vieillots, comme un piano bastringue sur Wind through the walls.
Comme Radiohead est amateur de la rupture de ton, passant de titres ambiants à d'autres saturés, Apse assemble son album comme un grand tout, une oeuvre qui amènent progressivement ses transitions et où les thèmes débordent allègrement sur les. Spirit s'écoute donc d'une traite comme un grand trip. Cette impression de voyage musical est accentuée par l'omniprésence des batteries dont le jeu martelé renvoie même au tout premier album de Dead Can Dance (au moment où le duo étaient encore marqué par le punk et la new wave mais avaient déjà incorporé des éléments de tribalisme). Le rapprochement avec DCD ne s'arrête pas là, Apse arrivant à donner une grandiloquence sourde à sa musique, affleurant des rivages dangereux (d'où DCD est parfois tombé) pour un final haut en noirceur. Ces différences feront-elles d'Apse un groupe désolidarisé de son modèle et intéressant en soi ? On a tout lieu de le croire même si chacun pourra juger lui-même. Mais si tel n'est le cas, la maîtrise du genre évidente chez Apse, pourra réconcilier tout le monde.