On avait l’habitude que la folk s’acoquine avec des machines pour une folktronica à la beauté miniature, avec des petites programmations de clochettes et de délicates textures. Alex Delivery, quintette de Brooklyn, en propose une version monstrueuse avec des tonitruances à claviers déployés. Dans la même veine que Tunng, Thee More shallows mais en plus radical. Alex Delivery passe sans vergogne d’un chaos total à un songwriting recomposé et diablement beau (rainbows). Les morceaux flirtent avec les 10’ avec une ouverture incroyable qui nous plonge dans le vif du sujet sans round d’observation. Le maelström Komad se termine par une frénétique montée électronique, sorte de version krautrock de la danse de Sabbat.
Très fort. Le groupe ne s’octroie aucune limite, flirte allégrement avec le bruîtisme par des saturations, des sons éraillés (même dans des moments suspendus) et termine son œuvre au noir par une fanfare sous acide (Vesna). Milan, en milieu de parcours, traduit au mieux l’ambivalence de Alex Delivery entre sérénité d’un décor de l’Ouest et urgence industrielle d’une ville européenne. Le morceau qui n’est plus à un revirement d’humeur se termine dans le calme de cordes pincées de violons. Les Américains font une musique fin de siècle, mixant ensemble, folk, noise, Shoegazing, electronica, indus, krautrock et que sais-je encore. On est proche du choc de Loveless de My Bloody Valentine. C’est dire.