En mettant le CD dans le lecteur, j’ai cru m’être trompé d’album : quoi, une chanteuse dans un album de Kazumasa Hashimoto, compositeur de musique instrumentale de formation classique et à la notable réputation dans le milieu électronique ?! La surprise est de taille, d’autant plus car cet album fait suite à la BO du film Tokyo Sonata, œuvre la plus impressionniste du Japonais. Car en plus, de travailler avec une chanteuse, Gutevolk, artiste signé sur le même label que lui, Hashimoto fait carrément un album pop, qui plus est à l’ancienne. Le musicien, connu comme pianiste et électronicien, joue de tous les instruments, guitare, basse, batterie et il privilégie les sonorités vintage comme en témoigne l’usage central d’un mellotron. Inspiré par la voix ingénue de sa chanteuse, vocalement entre les filles de Konki Duet et celles de Lush, Hashimoto fait une pop délicate, sans age, où tout semble naître dans un flou artistique. L’ambiance est bucolique et fleurie avec une mélancolie douce aux entournures derrière l’ingénuité apparente des mélodies. Par exemple, la valse à trois temps Echoes and stars, musique de parade de cirque, vous apporte plus de vague à l’âme que d’allégresse. Le travail est ici plus proche de la relecture mythifiée d’une pop folk des années 60 que d’un copier-coller. Hashimoto apporte aussi quelques subtiles touches nées de son bagage d’électronicien d’aujourd’hui. Les rythmiques légères n’en sont pas moins répétitives et présentes, donnant un aspect hypnotique par exemple à Slow motion. Ce qui est amusant c’est que Hashimoto fait son album le plus abordable, des mélodies jolies et profondes qui pourraient parfois rappeler la musique de chambre des Konki Duet ou la pop version Air. Pourtant, il s’octroie en fin de parcours deux titres où il est seul au piano, notamment Strangeness magistrale déambulation pianistique de 20’ qui n’est pas sans rappeler les pièces pour piano de Philip Glass. La personnalité de Hashimoto serait-elle double ? L’étrangeté de cet album résiderait elle dans cette dualité ? sans doute…Il n’empêche Hashimoto après nous avoir amadoué, veut avoir le dernier mot et en se radicalisant nous séduit encore plus. Etrange en effet…